Seul l’évangéliste Luc nous a gardé cette parabole-allégorie. Le récit fait allusion à une histoire populaire bien connue du temps de Jésus.[1] Tous les auditeurs savaient à quoi s’en tenir dès les premiers mots : un riche qui ne s’occupe ni des hommes ni de Dieu, et un pauvre récompensé pour sa confiance en Dieu.
Ici, le pauvre a pour nom Lazare qui signifie « Dieu a secouru ». Le riche est sans nom. Hors relation, aveuglé à longueur de vie, il a les apparences d’un homme, mais pas le cœur, et n’existe que pour lui-même. Pour l’un comme pour l’autre, le moment vient où tout prend une valeur définitive.
La mort semble une limite absolue et fixe tout homme dans ses choix. Lazare accueilli dans le sein d’Abraham,[2] et le riche abandonné au séjour des morts ,[3] ne peuvent plus rien l’un pour l’autre. L’abîme qui les sépare est infranchissable. Il fut un temps où le riche pouvait quelque chose pour le pauvre, mais il ne l’a pas vu. Il découvre maintenant qu’il est terrible d’être seul, tourmenté par la honte, le remord, l’inquiétude pour ses frères et, sa suggestion d’électro-choc ne pourrait provoquer leur repentance.
Si la Parole de Dieu ne suffit pas pour nous retourner le cœur, que pourrait faire une parole d’homme ? Le Seigneur ne contraint personne à croire et il n’envoie aucun ambassadeur de l’au-delà !
Alors, tout en orientant nos regards vers l’éternité, la parabole nous demande de réfléchir au présent. C’est maintenant que notre éternité se joue, s’écrit, c’est maintenant que Dieu offre sa grâce, nous invite à sortir de notre enfermement et éveille en nous le mouvement de la véritable liberté.
L’histoire s’achève-t-elle avec la mort ? C’est ce que semble dire cette parabole. Mais en fait, la réponse ne nous revient pas. La seule chose qui importe maintenant, c’est d’écouter et d’agir en conséquence de ce que nous aurons entendu. « Passé, présent et avenir sont convoqués à cette écoute. »
[1] Celle du pauvre scribe et du riche publicain bar Mayan qui avait vécu comme un impie notoire.
[2] Terme judaïque qui désigne le ciel
[3] Le premier Testament parle d’un lieu réservé aux impies, le « Shéol ». Ce mot vient d’un verbe qui signifie engloutir, avaler.
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