L’ami Lazare
Tableau saisissant et combien actuel : un homme riche habillé de pourpre et de linge fin et un pauvre gisant au porche, couvert d’ulcères, livré au chien. Cette scène évoquée par Jésus, dans l’Evangile selon saint Luc, pourrait se rencontrer aujourd’hui, non seulement dans un quartier de Paris, de Calcutta ou de Kinshasa mais un peu partout. Nous l’avons certainement nous-mêmes constaté. Avons- nous tourné la tête, fermé les yeux, haussé les sourcils, hâté le pas ?
Ce qui est frappant, c’est de voir que celui qui ne retenait aucune attention de la part des hommes, et à qui seuls les chiens s’intéressaient, celui-là est précisément objet de tous les soins de Dieu : « emporté par les anges, placé à côté d’Abraham. »

Il porte un nom Lazare, issu de Eléazar « Dieu secourt, Dieu vient à l’aide. » il est nommé à cinq reprises à côté du Patriarche Abraham qui le prend auprès de lui et de Moïse, eux les amis de Dieu. Entendre son nom est signe d’existence, d’intérêt, de dialogue.
Le pauvre est enlevé et placé auprès d’Abraham. Le riche connaît sa bonté puisqu’il demande à ce qu’il vienne le rafraîchir. Or ni ce riche ni ses cinq frères ne sont nommés comme si l’humanité tout entière pouvait s’y reconnaître. Ils sont par leur anonymat renvoyés à l’espèce humaine, à la recherche de satisfactions immédiates dans une vie saturée de biens matériels au point d’en perdre leur identité.
L’identité de Lazare est dans sa relation à Dieu qui se penche vers lui. Lazare nous invite à entrer dans cette pauvreté de cœur qui nous établit dans une relation vivante, intime, privilégiée avec le Seigneur de nos vies.
Dans l’Evangile de saint Jean, Jn 11, 1-5 Lazare est justement cet ami aimé de Jésus avec ses deux sœurs Marthe et Marie. Ce Lazare reviendra de chez les morts, signe ultime de la gloire de Dieu qui en préfigure un autre. « C’est ce jour-là qu’ils décidèrent de le faire périr. » Jn 11,53.
Cette résurrection a-t-elle conduit à la conversion et à la reconnaissance pleine et entière de Jésus Fils de Dieu ?