Pour la troisième fois, Luc mentionne un voyage de Jésus vers Jérusalem. Au lieu de poursuivre la route vers le sud, Jésus oblique vers l’est, entre la Galilée et la Samarie, pour rejoindre la vallée du Jourdain. Il fallait qu’il passe par la Galilée et la Samarie, ces deux villes “étrangères”.
Voilà que dix lépreux viennent à sa rencontre. Au temps de Jésus, avoir la lèpre, c’était être condamné à vivre en marge de la communauté. La législation du Lévitique en témoigne: “le lépreux portera ses vêtements déchirés et ses cheveux dénoués […] et il criera: Impur! Impur! […]. Tant que durera son mal il demeurera à part; sa demeure sera hors du camp”(Lv 13, 45).
Le passage de Jésus a fait irruption dans leur vie. Jésus vient les rencontrer dans leur misère, dans leur condition humaine la plus démunie. L’aujourd’hui de Dieu traverse l’espace et le temps et se fait proche. Eux, à distance, ils criaient; ils n’osaient pas s’approcher. À distance, Jésus va les rejoindre. À distance, la guérison des dix se produit. Pourtant, un seul a osé briser la distance et rejoindre l’aujourd’hui de Dieu; il revient après avoir pris conscience de sa guérison : c’est le plus pauvre, le plus méprisé de tous, le seul samaritain du petit groupe de lépreux. Il est revenu le cœur brisé et broyé. Il est revenu portant en lui tous les visages des “Anawim”, les pauvres de Dieu.
Le visage de la samaritaine qui, en Jésus, est née à sa propre identité dans la vérité. Sa soif fut étanchée et son désir comblé.
Le visage du bon samaritain, pauvre, miséricordieux. N’ayant rien, il donne tout, il se donne pour que l’autre reprenne vie et dignité.
Le visage du bon larron assoiffé de justice et de Salut.
Le visage de tant d’autres à qui le Seigneur adresse cette parole : bien heureux es-tu pauvre en esprit, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Royaume !
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