Jésus se rend à Jérusalem, passant bizarrement par la Samarie et la Galilée, alors que cela devrait être l’inverse … une manière de signifier peut-être qu’il vient aux frontières, pour ceux qui sont sur la frange, à la marge, voire au dehors des sentiers bien balisés par la loi.
Dix lépreux viennent à sa rencontre … toute une humanité souffrante, notre humanité dans sa chair blessée, notre humanité exclue de nos cités bien pensantes, de nos conceptions bien morales, bien pures !
Ces exclus devraient crier « impurs » et s’éloigner de Jésus, mais ils l’appellent et demandent sa pitié : « Jésus, Maître, aie pitié de nous ». Ils ont confiance en la capacité de ce guérisseur de Nazareth.
Etonnement, Jésus ne fait aucun geste pour les guérir, il les envoie accomplir le rite de réintégration, avant même qu’ils ne soient guéris : « Allez vous montrer aux prêtres … » Et confiants, ils y vont.
Toute cette humanité malade et exclue se voit guérie par la Parole de Jésus … mais un seul sera SAUVÉ !
Qu’a-t-il de plus que les autres ? Ce plus pauvre, ce plus méprisé de tous, doublement exclu, de par sa maladie et de par son statut est le seul à reconnaître sa guérison comme une réponse divine à sa demande. Il est le seul à revenir à la Source du don et à identifier Jésus comme donateur de vie. Il est le seul à établir une relation avec celui qui lui a rendu la vie.
Ce Samaritain, nous invite à entrer en totale dépossession, à croire que nous sommes appelés à naître, à vivre, à revivre et à mourir sans raison et sans justification, par pure grâce ! Tout est don et notre Donateur a un nom et un visage à aimer !
Un commentaire
« JÉSUS, PRENDS PITIÉ DE NOUS »… L’UN D’EUX, VOYANT QU’IL ÉTAIT GUÉRI, REVINT SUR SES PAS, EN GLORIFIANT DIEU À PLEINE VOIX… EN LUI RENDANT GRÂCE … « RELÈVE-TOI ET VA : TA FOI T’A SAUVÉ » (Lc 17, 11-19). Guérir, c’est être régénéré, retrouver la pureté du corps, mais aussi du cœur, de l’âme et de l’esprit, dans la mesure où les douleurs du corps et les souffrances de l’âme nous affaiblissent, nous fragilisent et nous déstabilisent. Si la maladie tout comme le péché, nous souille ; la guérison est l’état de l’Homme purifié, qui retrouve sa fraîcheur et l’état d’un petit enfant. Et l’action de grâce qui s’en suit, n’est que l’expression d’un cœur comblé, rempli de la grâce divine. Mais, rendre grâce c’est aussi reconnaître la grandeur de DIEU devant notre petitesse, exprimer notre dépendance à son égard et surtout nous tenir dans l’horizon de LUI demander encore et toujours. Rendre grâce est donc signe d’humilité. Or, DIEU nous aime simplement par pur amour et non par intérêt, si ce n’est celui de notre propre Salut. Car, nos chants, nos louanges n’ajoutent rien à ce qu’IL est déjà. Ainsi, rendre grâce c’est savoir revenir sur ses pas, pour se rendre compte de cet amour inconditionné de DIEU envers nous. Mais, combien savent le faire ? Comment savent s’arrêter pour reconnaître les merveilles que DIEU accomplit pour eux dans leur vie ? Dix lépreux ont été purifié, mais un seul, un étranger, est retourné rendre grâce à DIEU, pour ce qu’il a reçu sans le mériter. Il était impur et étranger, c’est-à-dire doublement exclu, mais DIEU l’a restauré dans sa dignité et lui a ouvert les portes du Salut, à cause de son humilité et de son action de grâce. Lorsque nous sommes dans la logique de toujours attendre, de toujours demander et de nous lamenter sans cesse, nous finissons par croire que tout nous est dû par obligation. Alors, l’orgueil s’installe et l’Homme perd le sens de la supplication et de l’humilité. Or, l’humilité c’est prier et supplier, mais sans contraindre. Car, tout ne nous est pas toujours nécessaire. Et certaines choses arrivent à point nommé pour celui qui sait attendre et persévérer dans la prière et le travail dévoué. Bon dimanche de méditation et de repos
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua