Le « pur »
C’est écrit dans son nom… Dans sa racine hébraïque Zabbaï ou Zaccaï (le pur, ou l’innocent), comme celle en grec : Zakchaios [Ζακχαῖος], traduit par Zachée, signifie l’homme « pur ». Telle est sa vocation profonde. Et certainement l’apposition de sa fonction « chef des collecteurs d’impôts », c’est-à-dire encore plus corrompu qu’un simple employé à la solde des Romains occupants… comme aurait pu l’être Lévi (Lc 5,27), trouble le lecteur. Et, pour qu’il n’y ait aucun doute sur ses entourloupes financières, l’évangéliste Luc nous précise clairement que Zachée « était quelqu’un de riche » (v.02). Il n’a pas échappé aux corruptions du monde ni aux tentations de la richesse. C’en serait-il donc fini pour lui ?
Rien n’est jamais perdu pour Dieu… et donc pour l’homme lui-même.
Ce qui « sauve » Zachée, en tout premier lieu, c’est son désir de voir Dieu (v.03). Ce cri de l’âme : « Je veux voir Dieu », depuis sainte Thérèse d’Avila, ne le chantons-nous pas au Carmel ? La narration lucanienne nous introduit à la quête de Dieu, présente au cœur de Zachée, en nous indiquant aussi son chemin pour trouver Dieu et vivre avec Lui. Cet itinéraire spirituel n’est pas aisé, il y a de nombreux obstacles : la petite taille de Zachée (image de la petitesse humaine chère à Thérèse de Lisieux), la foule qui fait obstacle (image des mondanités), le regard et la suspicion de ses pairs (son orgueil), mais il y a aussi des grâces, comme ce sycomore aux branches basses qui permettent à Zachée d’escalader et donc de se rapprocher un peu de Dieu (son ascenseur à lui).
Mais, c’est le regard de Jésus (littéralement « Dieu sauve », Cf. Lc 1,31) et son appel qui sont le déclic pour une nouvelle vie aux couleurs du Royaume de Dieu.
« Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! … Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous ! » (Lc 6, 24.20). Y a-t-il plus belle invitation que ce « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison » (v.05) lancé à hauteur d’homme tout en bas de l’arbre et qui invite Zachée à deux descentes : celle matérielle du sycomore pour un vis-à-vis avec Jésus, jusqu’à celle plus intime de la maison, qui peut aussi signifier son cœur, demeure de Dieu. Là où justement, Dieu qui voit dans le secret, s’invite là où rien n’est souillé et où tout est pur comme le nom de son hôte.
La conversion est totale et radicale. Zachée dit « oui » à l’imprévu de Dieu, à cette heure de Jésus qui entre dans son histoire personnelle. Et aussitôt, il répare, rembourse, se soucie de ses offenses et des offensés. En la présence de Jésus, Zachée peut réaliser sa soif d’infini et de vrai bonheur. « En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (v.10).
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