Nous savons que Luc a écrit son évangile après la destruction du temple, en 70. C’est l’arrière-plan de ce passage. Mais l’essentiel du message ne se laisse pas enfermer dans cet événement particulier.
Il est rare, semble-t-il, de voir un homme pleurer. Si l’on s’en réfère au livre de la Genèse, nous découvrons que les hommes qui ont laissé couler leurs larmes sont nombreux. Et ce n’est point signe de faiblesse ou sensiblerie.
Le prophète Jérémie aussi, rejeté par les siens, a pleuré sur leur aveuglement : « Si vous n’écoutez pas, en secret va pleurer mon âme, à cause de votre orgueil. Pleurant, pleurant, mon œil laissera couler des pleurs […]. » (Jr 13,17).
Ici, Jésus pleure sur l’aveuglement de Jérusalem, sur la cécité des juifs, tous repliés sur leurs certitudes et leur pouvoir, et non sur sa mort qu’il sait imminente. Les fils d’Israël viennent pourtant de l’acclamer avec enthousiasme, de le prier : Béni est-il, celui qui vient ! Hosanna : sauve s’il te plaît ! Mais la paix n’a pas atteint les cœurs, elle demeure cachée ; le Prince de la paix n’est pas entendu, accueilli.
La fermeture des cœurs et leur endurcissement ouvrent la porte à tous les démons qui encerclent et oppressent jusqu’à nous anéantir. Et les larmes de Jésus sont à la fois une prière qui nous est adressée et une prédication prophétique. Elles sont aussi de compassion sur les souffrances qu’il aurait voulu nous éviter, sur l’occasion perdue de rencontrer notre Dieu. Si tu avais reconnu en ce jour ce qui donne la paix ! Mais tu n’as pas reconnu le temps où Dieu te visitait.
Occasions perdues, gâchis installé ? Qu’en ces moments d’incertitude et d’interrogations, les images employées par Jésus pour décrire la détresse de sa ville trouvent une étrange résonance dans notre paysage intérieur.
Puissions-nous percevoir en ces larmes toute l’espérance encore offerte par Celui qui nous réserve toujours la surprise de sa visite au cœur de nos combats, défaites, découragements, endurcissements. Lui, la paix véritable, se joue de nos remparts et protections pour pénétrer en nos murs, pour venir chez nous, pourvu que nous ouvrions à sa voix.
Un commentaire
Depuis peu de temps, j’ai trouvé votre site. Et je médite avec ardeur sur la Parole du jour et je vous assure que vos commentaires sur ces derniers passages de l’Evangile de Luc me réconcilient avec le message de Jésus. En effet il est difficile de ne pas sombrer dans la tristesse et dans la peur suite aux images et paroles. Voici votre éclairage qui illumine ma pensée:
Puissions-nous percevoir en ces larmes toute l’espérance encore offerte par Celui qui nous réserve toujours la surprise de sa visite au cœur de nos combats, défaites, découragements, endurcissements. Lui, la paix véritable, se joue de nos remparts et protections pour pénétrer en nos murs, pour venir chez nous, pourvu que nous ouvrions à sa voix.
De tout coeur, avec vous dans cet Aujourd’hui.
Sr Christine