Aujourd’hui, fête de la Présentation de Jésus au Temple dans nos liturgies latines, et fête de la Rencontre (Hypapantè) de Dieu avec son peuple, dans les liturgies d’Orient.
C’est bien au temple, haut-lieu du peuple et demeure de Dieu, qu’une telle rencontre officielle devait avoir lieu. Mais en même temps,c’est une rencontre discrète, presque anonyme. Dieu arrive incognito.
Cependant, Israël est représenté par deux vieillards, un homme et une femme. L’un et l’autre entrevoyaient ce que les autres ne percevaient pas encore. Syméon le pressentait par son désir, un immense désir qui à la longue s’est mué en attente, et a fini, au fil des années, par devenir une certitude, parce que l’Esprit Saint demeurait sur lui. Anne aussi était prête pour la rencontre. Elle demeurait au Temple, dans une solitude de longues années, rassasiée de veilles et de prières. Tous les deux étaient prêts pour reconnaître celui qui, sans eux, aurait pu passer inaperçu. Grâce à eux, la Rencontre aura lieu, non pas l’officielle, validée par l’offrande de deux tourterelles, mais la vraie, celle qui reconnaît l’Envoyé du Seigneur, et qui voit, bien au-delà de l’événement qui s’accomplissait ce jour-là et des frontières d’Israël, le dessein universel de Dieu qui va désormais se déployer : « Lumière pour éclairer toutes les nations », signe de contradiction, occasion de chute et de relèvement pour beaucoup et « gloire d’Israël, son peuple ».
Aujourd’hui, l’Eglise attend encore une nouvelle Rencontre et résume sa prière : « Viens, Seigneur Jésus ! ». L’Epoux tarde encore. Mais au cœur du monde, et souvent cachés à ses yeux, il y a de nouveaux Syméon et de nouvelles Anne, mis en mouvement par le Saint-Esprit qui, encore une fois, les conduit secrètement. Ils attendent et pressentent déjà quelque peu « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme ». Leurs chemins ressemblent à ceux de Anne et Syméon : une certaine solitude, le jeûne et les veilles, la fréquentation assidue de Dieu. Tout chrétien peut un jour recevoir la secrète assurance, un secret entre Dieu et lui, qu’il ne verra pas la mort avant que se vive déjà La Rencontre.
(Cf. André Louf, s’abandonner à l’amour,éd.Savator)
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