Nous savons que la nature a horreur du vide, et nous aussi nous abhorrons cela. Combien rapidement nous comblons tout creux de mille et une choses qui nous gavent et calment notre soif pour un moment et pour tant d’autres moments qui n’en finissent pas de se succéder. Nous avons peur de notre faim ; nous exécrons parfois de rester en haleine, d’attendre un jour qui tarde à venir, un salut qui demeure caché.
Mais pour accueillir du neuf, de l’inconnu, un trop-plein de vie, il nous faut la place que laisse un espace vide, il nous faut laisser le temps ouvrir et dé-couvrir en nous une demeure pour l’hôte divin.
Qu’il est heureux et béni, Siméon, cet homme qui a supporté le poids d’une attente et d’une espérance au gré d’une longue vie. Il avait pour compagnon et inspirateur de son désir l’Esprit-Saint.
Alors,
Ne me laisse pas en paix, Seigneur
tant que je ne laisserai pas un espace à l’attente […]
tant que je n’aurai pas appris à sonder le vide
d’une vie sans ta Parole
Ne me laisse pas en paix, Seigneur
tant que je n’aurai pas fouillé chaque recoin de ma vie
en quête d’une trace de toi, […]
tant que je n’aurai pas connu l’élan de te connaître
Ne me laisse pas en paix avant d’avoir pu voir
tout mon être s’incliner au seul frémissement
de l’air à ton approche
et qu’à l’heure de ma mort je parte sans regret
rassasiée de ma quête,
infiniment bénie d’avoir su te chercher. (Marion Muller-Colard)
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