Jésus vient d’avoir douze ans, l’âge où, à son époque, on quitte l’enfance pour être intégré à la vie sociale. Il prend le large, il affirme sa liberté, il reste à Jérusalem à l’insu de ses parents. On le croyait dans la caravane, il n’est pas dans le troupeau, il se démarque déjà de la famille, des liens de parenté, des solidarités de clan et d’héritage. Il sort des habitudes et des traditions, il se démarque de la Loi … Il est déjà ailleurs, tourné vers son Père, car, il sait en qui il a mis sa foi (2 Tm 1, 12). Il sait que c’est de son Père qu’il recevra sa mission, sa force, sa vie.
On le croyait mort, durant trois jours : vois comme nous avons souffert, ton père et moi. C’est vrai, il était déjà mort, mort à l’enfance, mais le troisième jour, il est vivant.
Marie, elle, n’est pas encore totalement entrée dans le secret de cette relation qui unit le Fils au Père. Son cœur maternel, bien humain, s’inquiète pour son enfant. Il est toujours difficile pour des parents de laisser partir leur enfant ailleurs … Pourtant, le cœur maternel de Marie ne peut avoir oublié l’origine de Jésus. Après avoir exprimé son inquiétude comme à la visite de l’ange : comment cela se fera-t-il (Lc 1, 34) ? Maintenant, elle garde ces choses en son cœur (Lc 2, 19), comme à la visite des bergers. Le cœur immaculé de Marie n’est pas désincarné, sans sentiments, d’une pureté éthérée. C’est un cœur qui s’inquiète, compatit, souffre, vibre et vit … mais un cœur qui toujours s’en remet au temps de Dieu, dans la confiance que ce qui doit advenir adviendra. Avec elle entrons dans cette patience du silence sur les événements.
Un commentaire
VOIS COMME TON PÈRE ET MOI, NOUS AVONS SOUFFERT EN TE CHERCHANT !… NE SAVIEZ-VOUS PAS QU’IL ME FAUT ÊTRE CHEZ MON PÈRE ? (Lc 2, 41-51). Le Fils est là où IL doit être, là où le devoir du PÈRE l’appelle, là où il y a urgence de la mission, là où l’Homme crie sa souffrance et a besoin de DIEU. À douze ans, JÉSUS a déjà conscience de sa mission, de ce qui l’attend. Pour cet adolescent, DIEU est la priorité absolue en tout. Or, ça, MARIE et JOSEPH mettront du temps à le comprendre. Car, le mystère divin s’éclaire au fur et à mesure que nous nous y insérons, par la foi, la prière et la persévérance en toute chose. Cependant, la persévérance produit la patience, et la patience nous fait grandir et acquérir de l’expérience. Nous apprenons à chercher, à écouter, à discerner et à comprendre quelle est la volonté de DIEU, face à tout ce qui survient. MARIE et JOSEPH sont inquiets, angoissés et perturbés, parce que l’enfant divin qui leur a été confié n’est pas avec eux. Le trésor précieux du SEIGNEUR est perdu ; et cette absence est motif de souffrance. L’absence de DIEU dans notre vie provoque toujours un certain vide, un manque, une souffrance, une peine. Ils mettront trois jours pour le chercher et le retrouver finalement au Temple, scrutant les Écritures avec les docteurs de Loi. Ils cherchaient DIEU au dehors, tandis qu’IL était au-dedans ; ils le cherchaient parmi la foule, pendant que LUI se trouvait au Temple, lieu de sa réelle présence. Lorsque nous sommes perdus, égarés, sans horizon et ayant perdu tout sens d’orientation, il est toujours important de revenir à DIEU, centre de toute chose. Quand nous nous trouvons dans des impasses, trop d’inquiétudes et de soucis, il est nécessaire de se recentrer sur l’essentiel. C’est de là que DIEU nous donne les moyens humains, spirituels, pour repartir et pouvoir avancer. Et pour s’enrichir de DIEU, il faut développer le silence intérieur et l’écoute, être tout entier à son service, à travers le service des autres et du bien précieux qu’IL nous confie. MARIE et JOSEPH l’ont compris. C’est pourquoi ils sont une référence et un modèle de patience, de foi, d’humilité et de disponibilité à imiter. Bon week-end de méditation et de repos
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua