« Votre rédemption approche »
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse
dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière.
Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »
La vidéo de Laure commence avec les glouglous des bouteilles bleues remplissant les verres d’eau. C’est le tout début du repas.
Les Sœurs sont déjà assises, elles prennent leurs serviettes, se servent de soupe, de pain et d’eau. Leurs gestes gênés se heurtent, une serviette s’échappe dans un mouvement maladroit : est-ce la caméra ou le silence qui sont à apprivoiser ?
Pendant les deux premières minutes, la soupière en terre vernissée jaune passe de mains en mains, en une ronde ritualisée dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Dans une chorégraphie entre voisines, chaque Sœur dépose le dessous-de-plat en liège sur la table, annonçant l’arrivée du plat chaud et préparant le service pour celle qui la suit.
Quand tout est fini, la dernière servie fait glisser la soupière jaune au centre de la table et le ballet des cuillères portées à la bouche peut commencer.
Il y a, en fait, beaucoup de bruit dans la vidéo : les couverts posés sur la table, les couverts sur les assiettes, les plats glissés, les toussotements, faisant — sinon mentir, tout du moins — interroger le « silence ».
Le cadre serré et fixe sur la table prise en vue frontale et en perspective, donne toute la place aux objets, aux matières de bois ou aux transparences de verre, aux couleurs.
De ce monochrome de teintes marrons ou brunes, les bouteilles bleues, comme des petits bouts de ciel arrachés aux nuées et tombées sur la terre, sont, avec la fraicheur de l’eau et les verres transparents, un rappel des sources vives d’un torrent de montagne. La nature, et par elle toute la Création, se sont invitées en ce lieu.
Les assiettes blanches posées à même la table en bois foncé attendent, elles tracent comme des pointillés formant une parabole reliant les corps les uns aux autres, symbole de communion.
En ce premier dimanche de l’Avent, aux portes de ce nouveau temps liturgique et méditant avec l’évangile de Luc, Le repas en silence nous fait entrer dans l’exhortation de Jésus : « Tenez-vous sur vos gardes, […] Restez éveillés et priez en tout temps » (Lc 21, 34.36).
Le silence, l’attention fraternelle des unes aux autres, la simple présence, le temps passé ensemble, et la simplicité de cet instant de vie, ouvrent, en cette table, un espace d’attente et de désir …
Apprivoisons ce silence et cette mise à l’écart de nos activités compliquées, laissons la beauté de Dieu et sa prière habiter notre cœur.
Apprivoisons ce silence et cette mise à l’écart de nos activités compliquées, laissons la beauté de Dieu et sa prière habiter notre cœur.
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