« Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu ». Nous non plus ! Nous n’en serons jamais qu’à des paroles entendues, à propos d’un tombeau vide et d’une mort vidée de son pouvoir.
Comme ces pèlerins d’Emmaüs marchant à l’ouest de Jérusalem au soir tombant, nous nous complaisons parfois dans une douce ou irritante mélancolie qui nous empêche de percevoir, au-delà des preuves escomptées, les signes d’une présence désirée qui se donne à entendre plus qu’à voir, dans l’actualité et l’inattendu de nos rencontres. Nos yeux sont empêchés et nos oreilles ne s’ouvriront qu’après avoir exhaler nos attentes déçues. Qui nous provoquera à les dire ? Mais aussi, qui interrogerons-nous pour que puissent s’ouvrir les cœurs et les oreilles ?
Comme à Emmaüs,
[…] débusquer une présence aux heures sombres de nos vies
que l’absence à creusées comme des troncs d’arbres morts.
Comme à Emmaüs,
S’offrir à l’impromptu, tenir en laisse la déception
à l’approche de l’étranger
lui pardonner d’ignorer notre peine
ouvrir notre cœur à son écoute
Comme à Emmaüs,
laisser parler l’étranger, laisser s’épandre cette parole comme de l’eau
comme une marée, la laisser monter
et soudain reconnaître l’étranger comme le Maître
celui dont la Parole fait brûler notre cœur de reconnaissance.
Un commentaire
JÉSUS FIT SEMBLANT D’ALLER PLUS LOIN. MAIS ILS S’EFFORCÈRENT DE LE RETENIR : « RESTE AVEC NOUS, CAR LE SOIR APPROCHE ET DÉJÀ LE JOUR BAISSE » (Lc 24, 13-35). La foi est un itinéraire d’amour et d’humilité, un chemin de confiance, d’espérance et de fidélité à DIEU. Cet itinéraire est celui d’une conversion, particulièrement axée sur la reconnaissance de JÉSUS ressuscité. Et pour les disciples d’Emmaüs, le Ressuscité est un support symbolique, surtout quand il se fait reconnaître à la fraction du pain. Mais, lorsqu’il nous manque un signe distinctif, qui exprime notre intimité au CHRIST, c’est l’espérance qui meurt, la foi qui sombre dans les regrets, le désespoir prend la place de la confiance, la déception se reflète sur les visages. Les deux disciples ont tourné le dos à Jérusalem, là où se sont passés tous les évènements de la passion. Ils rentrent tout triste ; et le discours qui alimente leur causerie, est celui de la mort de JÉSUS. Mais, lorsque ce même JÉSUS les rencontre sur leur chemin de tristesse et de désespoir, ce chemin où ils ont laissé derrière eux toute l’histoire tragique de la passion, il faut pourtant y retourner. Car, en DIEU, là où il y a la mort, la résurrection n’est jamais bien loin ; là l’esprit se meut dans la foi, le bien et la justice, la victoire est toute proche et là où nous prions sans cesse et sans jamais nous décourager, le ressuscité nous rejoint toujours sur nos chemins. Quand DIEU fait semblant d’aller plus loin, les disciples s’efforcent de le retenir : ‘‘reste avec nous, car le soir approche et le jour baisse’’. C’est le soir des ténèbres et du doute, le soir de l’agonie et de tous les malheurs, le soir de la trahison, de l’abandon et du reniement. Nous ne voulons plus vivre ce soir tragique, où nous sommes seuls et où le chant du coq nous rappelle notre triple rejet de DIEU. D’où la prière de supplication des disciples : RESTE AVEC NOUS SEIGNEUR RESSUSCITÉ. Reste avec nous, pour ne pas entrer en tentation, pour persévérer dans la foi et pour savoir te reconnaître, même au milieu des situations les plus tragiques. JOYEUSES FÊTES DE PÂQUES
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua