Voilà plusieurs jours que Jésus ressuscité apparaît à ses disciples, mais ceux-ci peinent à le reconnaître. Un voile est tendu entre leur monde et le sien. Il leur faut du temps pour que leurs yeux s’ouvrent enfin. Et aujourd’hui, nous sommes en semblable situation. La résurrection est bel et bien proclamée, mais identifions-nous Jésus, le Vivant ? Deux choses vont nous aider à le reconnaître.
L’interprétation des paroles de l’Ecriture afin que les cœurs se mettent à brûler, et les blessures dans le corps du ressuscité. « On aurait pu penser qu’un corps glorieux devait être complètement indemne de toute cicatrice. (…) Non ! Le Ressuscité portera à tout jamais la trace des blessures qui lui ont été infligées. Mais des blessures dont le statut a désormais été complètement changé. » Elles sont devenues sources de lumière, sources d’éternelle joie marques du plus grand amour. C’est en voyant ces plaies transfigurées que les apôtres reconnaissent Jésus.
Et pour nous, ce sont aussi nos plaies en train d’être transfigurées qui nous font reconnaître la résurrection de Jésus. Car nous aussi, nous sommes morts et ressuscités, et nos blessures sont en voie de guérison : peut-être celles du corps, celle de notre inconscient sur lequel nous avons si peu de prise, ce lieu où grouillent tant de désirs repliés sur eux-mêmes, dont les scénarios parfois mortels pour nous et pour les autres, nous tourmentent sans fin, et celles de l’âme.
Rien de nos blessures ne sera supprimé. Nous en porterons éternellement les traces. Mais elles seront progressivement transformées, de foyer d’inquiétude et d’angoisse, en source de paix et de joie, d’action de grâce même, au fur et à mesure qu’elles auront été touchées par le corps ressuscité de Jésus. Elles seront désormais les traces ineffables de l’amour de Jésus pour nous.[1] 

Il est un autre signe, et pas le moindre : celui du pain partagé, pain eucharistique et pain de nos vies données.

[1] Cf. André Louf