Luc 4, 16-30

Pour vivre leur foi au fil de l’an, des semaines et des jours, les juifs avaient des lieux privilégiés.
D’abord la maison où le maître de cérémonie était essentiellement la femme qui préparait la nourriture quotidienne, mais aussi celle particulière des fêtes, dans le respect des prescriptions transmises de générations en générations. « Dis-moi ce que tu manges et comment, et je te dirai à quel peuple tu appartiens. »
Puis le temple de Jérusalem vers lequel confluaient de nombreux croyants au moment des quatre grandes fêtes de pèlerinage.
Et enfin, la synagogue au centre de chaque localité, maison de lecture, d’étude et de commentaires de la Torah. Nazareth était presque un « non-lieu » tant le village, un hameau sans doute, était insignifiant. C’est la banalité d’un voisinage précaire et d’une quotidienneté sans histoire au-delà des petites mesquineries, jalousies et intérêts sordides. C’est dans cette synagogue-là là que Jésus entra le jour du sabbat, « selon son habitude ». Et il ne se contente pas, comme tout juif adulte, de lire le passage de l’écriture assigné, mais il en fait le commentaire. Ne dit-on pas que le peuple juif n’est pas d’abord le « peuple du livre », mais celui du « commentaire du livre » ?
« Aujourd’hui » « l’heureuse nouvelle abonde dans vos oreilles » est-il précisé par deux fois. Qu’est-ce à dire, si ce n’est la traduction dans le concret de l’existence, des paroles écrites et proclamées, la manière dont elles touchent et vivifient les réalités rencontrées par les uns et les autres, la façon dont elles alimentent l’espérance de tout un chacun.
Le passage d’Isaïe commenté par Jésus parle d’une heureuse nouvelle pour des pauvres, des prisonniers, victimes de despotes, de potentats ou de leurs erreurs, mais aussi du qu’en-dira-t-on parfois mortifères. Bonne nouvelle aussi pour les malades et les opprimés.
Un commentateur peut et doit être prophète de la grâce qui ne cesse de se répandre dans l’histoire de tout homme. C’est fête et joie. Mais cela provoque souvent contradictions et violences. Les auditeurs dont nous sommes, croient trop souvent tout savoir — donc être des « maîtres ». Hélas alors, grande tristesse.

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