Une petite fleur d’amandier
Dans la synagogue de Capharnaüm, en commencement de la prédication de Jésus, une année de grâce est « proclamée ». Et Jésus semble déjà dire que lui, porteur de ce message comme‘ prophète’, ne sera pas accueilli par ceux à qui il l’annonce. Il le dit clairement, avant d’en appeler à la mémoire de ses auditeurs : « souvenez-vous… Elie et Elisée ont été envoyés respectivement auprès d’une veuve étrangère et d’un lépreux syrien qui n’étaient,a priori, pas vraiment des enfants de la promesse… Et cette lucidité de Jésus face au non accueil de juifs observants, nourrira la colère de ses auditeurs, à tel point qu’ils voudront le pousser en bas d’un escarpement pour se défaire de lui ! Une Bonne Nouvelle, un salut, et tant de violence.Pourquoi ? Qu’a dit le prophète ? Qui est-il ? Que fait-il ?
Le prophète n’est pas celui qui, telle une diseuse de bonne aventure, détient les clés du futur ou serait un oiseau de mauvais augure. C’est un clairvoyant de et dans l’aujourd’hui. C’est celui qui est capable de reconnaître, dans la première fleur de l’amandier, alors que c’est encore l’hiver, toutes les promesses du printemps, les fleurs de l’été et les fruits de l’automne. C’est un être qui voit au-delà des apparences pauvres et parfois trompeuses, tout ce qui habite les êtres rencontrés et qui agit en cohérence avec ce qu’il perçoit et pressent, même si pour cela, il doit aller à contre-courant d’opinions majoritaires et d’évidences mensongères. Il prend le risque de la vérité et celui de la confiance. Il n’est sûr de rien, il croit tout possible et ne désespère jamais de rien ni de personne. Mais il interroge : « O âme faites pour ces grandeurs, que faites-vous ? A quoi vous amusez-vous ? » (Jean de la Croix) Il ose parfois des paroles plus rudes, parce qu’il nous sait faits pour de bien grands espaces que ceux auxquels nous nous assignons. Combien d’amour renferme cette vigueur, cette rugosité et cette fermeté- là.
Pourquoi donc résistons-nous à Sa parole ?
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