Dans l’Évangile de Luc, Jésus vient de proclamer qu’il est venu pour libérer, consoler, guérir ; et tous sont impressionnés par la force de sa parole. Maintenant, c’est au bord du lac qu’il poursuit son enseignement. Il prend un peu de recul dans la barque de Simon, peut-être pour être mieux entendu.
Quand il a fini, il a des mots qui surprennent le propriétaire de l’embarcation : « avance en eaux profondes et lâche les filets ! ». Ne sait-il pas, ce nazaréen, que c’est de nuit qu’on pêche ? Mais sur sa parole, Simon fait confiance, en dépit des évidences et du bon sens, pour un résultat bouleversant !
Il tombe à genoux et dit : « Seigneur, éloigne-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur ! » « La première lueur que nous apercevons de Dieu est, très paradoxalement, la ténèbre de notre misère. Et le premier degré que nous montons vers la connaissance de Dieu est celui que nous descendons vers l’abîme de notre péché. Il n’y a pas d’autre chemin. » (A. Louf)[1]
Face à notre péché, ou du moins à ce que nous jugeons nous-mêmes comme transgression, nous avons souvent deux attitudes possibles. Ou nous le minimisons parce que « mignon », excusable, dû à notre passé, à des traumatismes que nous imputons d’ailleurs souvent aux autres. Ou nous augmentons démesurément sa gravité, pour ployer lamentablement sous le poids de la culpabilité qui doit beaucoup à la psychologie d’angoissés, et rien à la grâce du Saint Esprit [2]. Deux attitudes apparemment contraires, mais qui cachent le même désir d’être irréprochable. Mais le péché ne se révèle que devant le Seigneur ; c’est à l’aune de son amour que nous en prenons conscience. Et le repentir qui suit, contrairement au remord, est fruit de l’Esprit, toujours joyeux et s’accompagne d’action de grâce.
Jésus écarte toute peur. « Ne crains pas ! » Comment rassure-t-il Simon ? En lui confiant une mission et en l’appelant à collaborer avec lui !
Sur ta parole
J’irai, comme Pierre vers les eaux plus profondes
Je laisserai ma peur sur la rive
Mes filets déborderont de tes dons
J’irai toujours ailleurs… (MMC)
[1] Seul l’amour suffirait, 1982, p. 121
[2] A. Louf
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