L’évangéliste Luc ne nous a pas encore rapporté grand ’chose de l’activité de Jésus comme adulte. L’épisode de ce jour vient après que Jésus soit passé dans la synagogue de Nazareth. Là, il a bousculé les auditeurs en donnant une interprétation et une actualisation percutantes de la parole du prophète Isaïe. Et la foule s’est divisée à son sujet. Puis Jésus a appelé ses premiers disciples. Vient maintenant le récit de la guérison d’un lépreux.
La fin du texte m’interpelle. Après avoir entendu la supplique du lépreux et l’avoir guéri, Jésus lui recommande le silence. (L’occasion eut été belle pourtant d’attester ainsi de la vérité de sa parole) Le lépreux ne
peut s’empêcher de raconter. Réintégré dans la communauté des humains d’où sa lèpre l’avait exclu, comment peut-il taire la manière dont cela s’est produit ! Nous comprenons son envie irrépressible de parler de ce qui lui est arrivé. Mais ne convient-il pas de discerner si c’est le moment opportun pour publier dignement les merveilles de Dieu ? Nous avons souvent trop de hâte à nous resituer dans des relations heureuses. Ne faut-il pas laisser un moment pour un discernement tout en écoute et en finesse du temps de Dieu et du temps des hommes ? Est-ce encore le temps du « secret du roi » ? (Tobie 12) Dans cette péricope, Les fruits de la proclamation ne semblaient pas mauvais. Les gens veulent « entendre » ce Jésus et se faire guérir par lui. Voilà qui parait normal en terre d’humanité : entendre celui qui fait du bien et se faire guérir. Mais Jésus diffère ce temps de rencontre et préfère vivre en ermite dans des endroits déserts où, priant, il vit un face à face avec Dieu dans un lieu de solitude et d’aridité, l’écoutant et lui parlant peut-être des hommes et de sa mission…
Puissions-nous discerner le temps favorable de l’écoute, du silence, et celui de la parole.
Un commentaire