Il nous est bon, en ces temps « troublés » de l’Eglise, d’entendre, de voir, de toucher ici le Dieu Tout Autre et tout proche en Jésus-Christ, et discerner au cœur du réel et au-delà des paroles vaines, des lamentations et des polémiques, ce qui est juste et bon selon l’Evangile. Entrons dans cette prise de distance nécessaire, pour que résonne avec justesse la Parole du Maître, qu’elle prenne chair de sa chair, Lui qui prit chair de la nôtre :
« Il monta dans l’une des barques, qui appartenait à Simon, et demanda à celui-ci de quitter le rivage et d’avancer un peu ; puis Il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. »
Rien ne Lui est dit de la traversée nocturne, de la peine stérile et de la déception de ces hommes dont il se fait l’hôte. Pourtant il les devance. Une pêche miraculeuse disons-nous ?! Bien plus que cela ! Une « geste » prophétique, une Théophanie. La manifestation du Dieu Parole dans un acte de re -création de Simon en Pierre, et des poissons « en hommes à capturer ». C’est Christ Ressuscité qui touche ici l’humain, assumant sa peine, sa stérilité en traversant la nuit de Sa propre mort. Les filets de son Amour sans mesure se déchirent en remontant des abîmes, (V.6-7) libérant l’abondance de sa miséricorde pour tous ceux qui avec Simon tombent à genoux devant le Tout Autre devenu le Tout Proche, se reconnaissant pécheur et confessant le Nom de Jésus. (Phil. 2, 9-11)
« Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur »
Alors, Simon-Pierre peut entendre l’indicatif de Dieu et se souvenir qu’en tout temps, il pourra jeter les filets « sur Sa Parole », et compter sur « ses camarades de l’autre barque » et sur « ses compagnons ». Ici naît une indéfectible confiance réciproque et l’ébauche d’une fraternité en marche.
« Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu auras à capturer »
Saint Jean place cet événement en manifestation du Ressuscité au bord du lac et y inscrit la mission de Simon revenu des abîmes du reniement, pour s’entendre confier le troupeau. Alors, devenu Pierre, il entend « de quelle genre de mort Il devra glorifier Dieu ». (Jn. 21,15 ss) « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive ». Qui peut alors s’étonner que l’Eglise en soit signée, pas toujours de la manière qu’on attendrait.
« Ramenant alors les barques à terre, laissant tout, ils le suivirent »
Pas question ici de gérer l’abondance, c’est au « rien » du discours de mission que nous sommes rendus. (Lc.9) « Eglise servante et pauvre » disons-nous, oui, comme son Seigneur. Le laisserons-nous monter dans notre barque pour que Sa Voix résonne en nos vies et que sur cette Parole nous ayons l’audace de jeter les filets là où tout nous a prouvé qu’il n’y a rien à pêcher ?!
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