Que de temps Jésus passait à prier ! Toute la durée de la nuit, avec le froid peut-être, ses fantômes et angoisses parfois, le combat de l’espérance et l’attente persévérante du matin. Mais, au gré de turbulences, de va et vient d’émotions, il y a toujours l’offrande de sa présence au Père. Sa prière, comme la nôtre, s’est approfondie dans cette traversée prolongée et fidèle, pleine de confiance ; elle a affiné son intuition et projette sa divine lumière sur sa vie et les choix qu’il va opérer.

Nous savons que la prière est un don qui demande d’être accueilli ; c’est l’œuvre de Dieu. Mais elle réclame engagement et continuité de notre part. Et Jésus nous en a montré l’exemple.

Le récit de ce jour souligne que la durée nocturne de sa prière a préparé l’appel des douze. Chacun est appelé par son nom, dans et avec son histoire singulière. Eux aussi étaient sur la montagne, de la nuit jusqu’au matin ! Le texte en effet nous dit que Jésus descendit de la montagne avec eux. Priants ou dormants, les douze étaient dans le rayonnement de la prière du maître.

Maintenant, ils sont ensemble dans la plaine, entourés d’une grande multitude. Ensemble, ils sont confrontés aux maladies et aux souffrances de toute la foule.
N’est-ce pas dans la prière qu’ils ont puisé le discernement et la force nécessaire pour rencontrer tous ces blessés de la vie ?
Aujourd’hui, il en va de même pour les témoins et les envoyés que nous sommes. Si nous ne voulons pas ployer et être écrasés par le poids de toute la misère du monde, il est impératif que nos actes, nos engagements au service de tous, soient solidement enracinés dans ce dialogue intime avec notre Dieu. Il ne s’agit pas de fuir les tumultes du monde, mais de les confier au Père et de trouver en Lui, à la suite du Christ, le courage de les affronter.