Kénose heureuse 

Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux ! » (v.20).
Pour devoir lever les yeux vers ses disciples, c’est qu’il était donc plus bas qu’eux …
Luc a pourtant spécifié qu’en ces jours-là, « Jésus s’en alla dans la montagne » (v.12). C’est surprenant que Jésus se soit mis en contrebas et ait laissé ses disciples le regarder de haut … ? Mais, plutôt que de discutailler topographie, ne pourrions-nous pas simplement nous laisser interpeller par une géographie intérieure ?

Ce verset d’ouverture aux Béatitudes, ne nous donnerait-il pas la clé pour entrer dans une compréhension et une posture nouvelles, celles par exemple, du Serviteur à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds, et leur apprendre qu’il ne leur demande rien d’autre que de suivre cet exemple, se laver les pieds les uns les autres ?
C’est effectivement l’attitude intérieure de celui qui abandonne la gloire à Dieu et son rang divin (Ph 2,6-8), en s’anéantissant, en prenant la condition d’esclave, en s’abaissant par son Incarnation, en devenant obéissant jusqu’au dernier anéantissement … celui du scandale de la croix et de la mort.

La dernière place du pauvre : c’est donc lui qui l’assume et la prend; de l’affamé, c’est lui ; du malheureux, c’est lui ; du persécuté, c’est lui aussi. Il nous invite, nous exhorte même, à rester avec lui, à emprunter ce même chemin de dépouillement spirituel, non qu’il s’oppose au charnel, mais parce qu’il laisse toute la place à l’Esprit transformant, travaillant en nous, nous guidant vers la vraie Vie, qui est la sienne : éternelle !
Oui, c’est Dieu qui exalte et qui relève totalement et pour toujours. Avec lui, il n’est pas de petite gloire mondaine ou éphémère, mais la Vie et la Joie en plénitude.

« Réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel » (v.23).