« Heureux et malheureux ». Nous sommes un peu tout cela à la fois.
Le premier testament nous offrait le mode d’emploi d’un bonheur durable : dix paroles, un code éthique pour bâtir une société dans laquelle les relations avec Dieu et entre nous baliseraient un chemin d’authentique liberté. L’Evangile nous propose une version supplémentaire, celle des « béatitudes ». Luc est le seul qui renforce les affirmations positives par une pendant négatif. La Bonne Nouvelle est abordée de deux côtés : celui des reproches, par où l’homme sentira le manque qui le ramènera à l’essentiel, et le côté de la promesse, où chaque appel à l’héroïsme devient une offre de bonheur.
Heureux celui dont le cœur est ouvert aux dons de Dieu, qui a faim de ce qu’Il donne maintenant, qui garde en lui un espace de désir, une blessure d’espérance que seule la visite du Seigneur peut guérir en la ravivant sans cesse.
Malheureux celui qui se repaît avec avidité de ce sur quoi il met la main, qui se contente de l’immédiat et le confond avec l’aujourd’hui du Très-Bas.
Heureux celui qui sait pleurer avec ceux qui pleurent, car il rira dans la lumière de Dieu, quand le sourire de son Seigneur aura triomphé de toute peur ; il goûtera auprès de lui la joie des cœurs libres, la joie de ceux qui aiment et se savent aimés.
Malheureux celui qui s’installe et s’enferme dans le contentement de lui-même, sans l’horizon de l’amitié ni la passion pour l’Autre et les autres.
Malheureux celui qui n’ose plus une parole de prophète qui dénonce toute complaisance avec la violence, les pouvoirs oppressants.
Mais heureux, oui, bienheureux, si la vérité brûle nos cœurs et nos lèvres et que nous suivons Celui qui nous appelle à son destin de prophète, Jésus notre maître et ami.
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