Première réaction à la lecture de ce passage : « grand Dieu, c’est impossible et tellement peu spontané d’aimer les ennemis, ceux qui calomnient, de ne pas juger ni condamner, de donner, toujours donner ! » Avec un tout petit peu de silence et le recul de la prière, le regard se porte vers Celui qui nous parle et le cœur s’ouvre : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez ». Tout commence et recommence dans cette sortie de soi qui permet à un Autre de nous visiter et qui fait vibrer en nous son Esprit. Alors, prendre conscience du peu de place que tient en nous la gratuité de l’amour n’est plus désespérant, mais est invitation à laisser Dieu reprendre l’initiative en nos vies.
Oui, nous avons des ennemis, – sans oublier que nous sommes souvent ‘ennemi’ pour nous-mêmes ! – des personnes qui nous tapent sur les nerfs, qui ne pensent pas comme nous. Nous n’arrêtons pas de juger, de critiquer et d’être critiqués. Dans nos vies, il y a des humiliations, du ressentiment, de la vengeance. Les insultes, les ragots, les médisances, et les calomnies détruisent. C’est une spirale de mort que seul l’amour peut briser.
Écouter et suivre le Christ n’est pas facile et demande d’affronter des épreuves. Jésus, le premier, les a traversées. Le regarder, l’écouter, comme entendre aussi ceux qui ont fait comme lui.
« S’il m’arrivait un jour […] d’être victime du terrorisme […] j’aimerais [qu’on] se souvienne que ma vie était donnée à Dieu […] J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que pardonner de tout cœur à celui qui m’aurait atteint. […] Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce merci, et cet « à-dieu » en-visagé de toi. Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s’il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. Amen ! Incha Allah ». Cet extrait du testament de Christian de Chergé est au diapason de l’Évangile. Tout résonne et parle Dieu. Y a-t-il amour plus grand ?
Sans être dans cette situation extrême, nous avons cette capacité de transformer des situations sans issue en moments de renouveaux, grâce à Dieu, pour autant que nous nous laissions porter par cet esprit de don gratuit et de pardon. Pour cela, il nous faut toujours associer la prière à l’amour comme nous le demande Jésus.
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