Ce passage d’évangile met en lumière un comportement, une manière de juger qui nous est plutôt spontanée et habituelle. : souvent, nous nous estimons supérieurs aux autres. Par ailleurs, ces versets nous invitent à nous méfier des jugements hâtifs qui nous égarent parce que les apparences peuvent être bien trompeuses.
Mais à y regarder et y voir de plus près, je m’aperçois que cette péricope recèle autre chose qui me semble plus fondamental. Il est davantage question des relations maître -disciple et de celles qui se vivent entre frères que de la distinction et de la comparaison faites entre tout ce qui peut occulter et troubler la perception juste du réel, paille ou poutre. Les frères sont tous des aveugles qui tentent de faire route ensemble. A l’évidence, leurs pas ne peuvent être qu’incertains et la progression se révèlera tôt ou tard hasardeuse et dangereuse. Atteindre un but, « le » but, semble mission impossible faute d’un guide sûr dont les yeux sont toujours ouverts.
Celui qui ne se comporte pas en « disciple », et n’apprend pas d’un maître ne peut qu’errer et égarer ses semblables, même si ses relations se veulent fraternelles et pleines de bonnes intentions. Il sera la première victime de son aveuglement et entraînera dans ses chutes ceux qu’il prétend conduire en « petit chef » hypocrite.
Mais celui qui se laisse enseigner sera semblable à son maître, – « chacun sera comme son maître » – puisqu’il accepte de prendre le temps d’apprendre d’un autre et par un autre en qui il a mis toute sa confiance. Alors le disciple pourra regarder et tout voir dans la lumière ; les obstacles en lui et dans ses frères ne s’évalueront plus qu’à l’aulne de l’amour qui ne compare ni ne juge, mais ôte une à une les pierres du chemin, tels les anges « qui nous gardent sur tous nos chemins, qui nous portent sur leurs mains pour que nos pieds ne heurtent les pierres » (Cf. psaume 90)
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