Pour commencer, ce qui (me) plaît dans cette page d’évangile, ce sont les surprises qui déroutent : l’intrusion d’une femme de mauvaise vie chez un homme très ‘comme il faut’, les ruptures des codes de ‘ bonnes manières ‘, des gestes tout à fait déplacés, les excès de larmes, et la débauche de parfum. Tout cela par amour et reconnaissance.
Et pourtant, rien n’est signe de provocation de la part de l’intruse qui a forcé la porte de Simon le pharisien. On voit la scène. Jésus attablé est le sujet de toutes les attentions. Celles de la femme bien sûr, mais aussi celles de l’hôte qui ne dit rien mais n’en pense pas moins ! Comment cet homme Jésus, que certains reconnaissent comme prophète, peut-il se laisser choyer de la sorte par cette femme pécheresse ! Aucunes paroles proférées cependant, juste un quant -à- soi qui s’interroge, et peut-être juge et condamne. Silence de mort.
Comme à l’accoutumée, c’est Jésus qui rouvre l’espace du dialogue. Il déplace le centre de l’attention et le porte sur Simon : « j’ai quelque chose à te dire ». « Parle maître ». Deux mots en réponse, comme les deux battants d’une porte qui s’ouvre. Voilà le pharisien invité à prendre parti, à se situer face à deux créanciers. Jésus approuve sa réponse et l’éclaire sur ses manquements à l’hospitalité, osant la comparaison de ses comportements avec ceux de la femme de la ville, une pécheresse. Et c’est cette dernière qui est montrée en exemple.
Il me plait de croire que Simon a entendu. Quant à la femme, elle reçoit une parole qui libère : tes péchés sont pardonnés. Elle entend aussi la merveilleuse reconnaissance de Jésus : ta foi t’a sauvée. Et une remise en route qui lui redonne vie : va en paix. Toujours cette surabondance de l’amour. Amour pour amour. Qui donne ou reçoit le premier ? la bonne réponse serait de dire que c’est Dieu. Mais, est-ce la question ? Est-ce la réponse ?
Ici, ce n’est donc pas l’apologie de la démesure mais sans nul doute une invitation à l’accueil sans restriction et… sans mesure de Celui qui visite toute réalité, les plus conventionnelles, comme les plus marginales, les plus ‘religieusement correctes’, comme les plus avilissantes.
… J’ai quelque chose à te dire…
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