MOURIR POUR PORTER FRUIT
Une des clefs de lecture de l’évangile du semeur qui « sortit pour semer la semence » (v.4), pourrait être un des mots de saint Paul entendu dans la première lecture de ce jour : « Réfléchis donc ! Ce que tu sèmes ne peut reprendre vie sans mourir d’abord » (1Co 15,36). Que voudrait dire, alors : « faire mourir la parole » en nous ?
La parabole et son explication en privé nous donne quatre cas de figures :
- Les oiseaux, les passants et le diable.
- Les pierres et le manque de foi et d’espérance.
- Les ronces, les soucis et les plaisirs qui privent les enfants de Dieu de leur liberté.
- La bonne terre qui permet au grain de mourir puis de germer comme le bon cœur garde la parole, la médite avec persévérance et la fait fructifier.
Dans les trois premiers exemples, le grain ne peut prendre racine, et la parole (à cause de l’écoute futile) ne peut prendre chair. Elle reste extérieure à l’homme. En revanche, entendue par les bonnes oreilles qui entendent (v.8), elle tombe directement dans le cœur et engage, en une merveilleuse alchimie, tout l’être à se convertir, s’engager, se donner. La parole n’est plus simple verbiage mais essence active et transformante en-dedans, elle configure l’être du disciple en le divinisant, en le transfigurant, en le ressuscitant.
Pourquoi ? Comment ? Parce qu’elle meurt, parce qu’elle est « assimilée ». C’est l’acte de foi le plus sublime, de la part du disciple écoutant. Son écoute profonde fait passer du mot à la chair, de la lettre à la grâce pure, de la mort à la résurrection, en deux mots, elle le consume et le régénère.
Ainsi, c’est par sa foi que Marie garde et médite en son cœur, la parole comme un trésor pour laisser toute la place à l’ombre de l’Esprit qui l’a rendue féconde, pour que le Verbe puisse prendre chair en elle. Et ce n’est pas à moins que cela que Jésus interpelle ses auditeurs en les invitant à entendre, écouter, mettre en pratique pour porter du fruit. Car…« ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples » (Jn 15,8).
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