« Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
« Le semeur est sorti pour semer sa semence. Comme il semait […] » (v.5) . En une courte phrase, Jésus s’adressant à la grande foule, décline quatre fois le mot semeur (semeur, semer, semence, semait).
Et il est à noter que seul Luc mentionne le complément d’objet direct “sa semence”, littéralement du grec “la semence de lui”. Plus qu’un effet de style (allitération purement littéraire), il y a dans la redondance des mots un excès de sens, une insistance outrancière, d’autant plus aiguisée par la sentence finale de la Parabole : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » (v.8).
Mais qu’avons-nous à entendre ?
Dans l’explication donnée aux disciples seulement (c’est-à-dire à ceux qui écoutent), la clé de lecture est la parole de Dieu (v.11). Le semeur sorti fait écho à celui qui dit : « Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde » (Jn 16,28). Vérité qu’il est (Jn 14,6), il ne peut que faire ce qu’il est : un semeur sème, il ne peut que semer. Dieu ne donne pas quelque chose, mais il se donne lui-même, il se donne aux hommes comme Verbe de Dieu, comme son unique Parole. (Jn 1,1). « Le semeur est sorti pour semer sa semence. »
Alors ne craignons plus ni les caniveaux du chemin, ni les oiseaux, ni les rocailles, ni les ronces, car la parabole de Jésus dépasse largement la leçon de jardinage. Puisque la Semence de Vie (qui est la Présence même de Celui qui a habité les Enfers pour en délivrer tous les hommes), descend jusqu’au plus dangereux ou au plus risqué de notre terre intérieure, laissons sourdre, en prémices, le chant des semailles. « Il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ; il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes.» (Ps 125,6).
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