Entre deux sommets de révélation : la prière du cœur à cœur avec son Père à l’écart (v.08) et son annonce de sa Passion, mort, résurrection (v.22), il y a l’abîme du questionnement de l’identité véritable de Jésus.

Qui est Jésus pour son Père ? Dans les lumières et la Parole qu’il reçoit à l’intime et qui font écho chaque jour avec celles entendues au Baptême ou à la Transfiguration.

Qui est-il pour lui-même ? Que perçoit-il de la connaissance de lui-même ou de cette attention à son identité liée à sa naissance, sa mission, dans ses limites et l’échec apparent de la croix qui se profile ?

Qui est-il pour les autres, ceux qui ont entendu parler de lui ou qui l’ont aperçu au loin ?

Qui est-il pour ses amis, ses proches, ses disciples, c’est-à-dire pour tous ces privilégiés qui partagent son toit et son pain et qui sont les témoins direct de l’évangile en actes ?

Tous sont confrontés à un inépuisable mystère : le Mystère de Dieu fait chair par amour des hommes qui avance pas-à-pas dans le temps humain et la terre des hommes, et se livre avec humilité et douceur. Que peuvent-ils en voir, en saisir ?

Aujourd’hui, c’est Pierre qui reconnaît la lumière et qui devine en son compagnon de vie et de prière, l’immensité de son appel et son essence divine : « tu es le Christ, le Messie de Dieu »! (v.20). Cette confession surgit de cette aube intérieure qui se fait en lui, comme un passage, une ouverture, une conversion profonde, une révélation.

Chacun de nous a part au mystère du Christ, dans le compagnonnage patient, l’écoute de sa Parole et la contemplation de son Visage. Avec Jésus, nos errances deviennent chemins ; nos ténèbres, lueurs ; nos questionnements, consentements. Exactement dans la dynamique de la prophétie d’Aggée qui tourne les cœurs des exilés de la destruction de la Maison à la gloire future et au don de la paix.