La « première annonce de la Passion » proposée à notre méditation s’inscrit dans un dialogue entre Jésus et ses disciples, et vient lever un petit coin du voile de la prière de Jésus.
A la double question qu’il adresse à ses disciples (« Qui suis-je au dire des foules ? Mais pour vous, qui suis-je »), Jésus recueille des réponses qui pointent vers, ou qui disent ce qu’il est vraiment : le Messie de Dieu.
Mais quelle image les disciples se font-ils de ce Messie qu’ils côtoient de si près ?
Là est tout l’enjeu de la « première annonce de la passion ».
Car elle évoque une réalité (nécessité ?), celle du passage par les « ténèbres et l’ombre de la mort » pour ce Messie qui désire nous ouvrir à l’amour du Père.
Pour Jésus, pour les disciples qu’il entend éduquer, le paradoxe de la mort qui ouvre à la vie, de la non-violence pour vaincre la violence, est l’unique chemin. L’unique chemin !
En emprunter un autre, c’est ne plus être disciple du Christ.
Le lecteur que nous sommes, pense avoir le recul de l’événement Pascal (Il est ressuscité !) mais le quotidien de chacun n’en appelle pas moins à la foi.
Car la croix n’est pas celle que nous rêvons (« Je donnerai ma vie pour toi » Jn 13, 37), mais la nôtre, inséparable du déroulement de nos journées, lancinante, mais promise à une fécondité qu’il nous sera donné de « voir » dans l’éternité.