Qui es-tu ?
Hérode est, pourrait-on dire, comme fasciné de tout ce qu’il entend de Jésus. Une sidération qui peut empêcher l’action ou même la pervertir, comme une proie devant son prédateur est prête à tout pour se défendre.
On sait d’ailleurs que ce qu’Hérode trouve à Jésus, il le trouvait également à Jean (Mc 6,20), et l’histoire nous dit aussi qu’au moment du discernement, il n’a pas hésité une seconde à le faire décapiter. Ce n’est pas très rassurant.
« Hérode ne savait que penser » (v.07). Il est troublé, et non pas dans la claire vision du cœur.
« Et il cherchait à le voir » (v.09), comme on attend une preuve. Son regard cherche à s’accaparer une autre vie, dans une forme de voyeurisme hanté par un meurtre. « Jean, je l’ai fait décapiter » (v.09).
« Qui est cet homme dont j’entends dire de telles choses ? » (v.09). La question pourrait nous émouvoir, mais quand on y réfléchit elle semble si loin de celle des disciples, posée dans une curiosité, soit, mais de confiance : « Maître –, où demeures-tu ? » (Jn 1,38), prête à tout pour le suivre.
Toute la différence, ce me semble, est dans le passage du « il » au « tu ». Le « qui est-il ? » de la presse à scandales n’a rien à voir avec le « qui es-tu ? » de l’épreuve de la rencontre et du dialogue. Un est extérieur et dangereux, l’autre est intime et riche de découvertes. Au jour de la résurrection, Thomas revendique lui aussi une expérience de chair et ne peut se satisfaire du « qu’en dira -t-on », pour confesser dans toute la vérité de son être : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28).
La véritable connaissance est forcément communion qui passe par une Visitation.
2 commentaires
QUANT À HERODE, IL DISAIT : « JEAN, JE L’AI FAIT DÉCAPITER. MAIS QUI EST CET HOMME DONT J’ENTENDS DIRE DE TELLES CHOSES ? » ET IL CHERCHAIT À LE VOIR (Lc 9, 7-9). DIEU nous parle, par sa Parole, mais aussi par ses actions. Et ce mystère divin attire et interroge ; il meut le cœur, l’intelligence et l’esprit. Mais il peut aussi susciter et faire grandir la foi, dans la mesure où l’Homme s’en approche pour l’accueillir et se laisser transformer par lui. Auquel cas, nous y allons juste par intérêt et par curiosité, mais sans pour autant vaincre notre indifférence et notre incrédulité. Par sa vie, JÉSUS a souvent été un objet de curiosité, qui suscite une certaine attention à cause de ce qu’il fait, mais également un signe réel de la présence de DIEU, à travers le message de Salut qui annonce et témoigne par ses actes. Donc, tout dépend de comment nous nous approchons de LUI et de l’effet qu’il exerce sur nous. Cet effet ne peut être visible que si le cœur en est disposé ; auquel cas, la grâce divine passe sans nous contaminer de ses rayons lumineux. Voir DIEU ne relève plus simplement d’un acte de la vue, tout comme la foi n’est plus simplement de l’ordre intellectuel. Voir c’est établir un contact vrai, instaurer un lien fort, où ce qui est regardé, contempler, n’est plus distant de nous, mais devient signe de Louanges. Car, on peut être instruit et comprendre, mais sans pour autant y adhérer, c’est-à-dire sans pour autant y croire. Si Hérode veut voir JÉSUS simplement pour satisfaire sa curiosité, le croyant quant à lui se laisse absorber par la beauté, la richesse et la diversité du créé. Voir le CHRIST, ce n’est donc pas chercher à voir une potentielle menace à notre pouvoir, à nos sécurités ou à notre confort matériel. Mais, DIEU nous invite toujours à sortir de ces sécurités éphémères, afin de nous engager résolument à sa suite. Ainsi, l’Homme passe de la simple curiosité à une foi sincère qui écoute, attentive et qui croît continument. Il passe d’un voir physique à une écoute intérieure et à l’accueil du mystère divin qui se révèle progressivement à tous, chacun dans son domaine de vie. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
J’adhère ! Merci