Des rumeurs circulent autour de la personne de Jésus, et elles viennent jusqu’aux oreilles d’Hérode. Ce qu’il entend le rend perplexe.
Le propre de la rumeur, c’est d’engendrer un malaise, car la rumeur se répand et se déforme au gré des messagers avant de s’ancrer dans les mémoires.
C’est ce que fit comprendre le curé d’Ars à une femme qui venait s’accuser d’avoir dit du mal de quelqu’un. Il lui donna comme pénitence d’aller plumer un poulet au sommet d’une colline et ensuite d’aller rechercher les plumes une par une. La pauvre femme lui rétorqua que cela était impossible, car le vent les emporterait dans toute la plaine. Telle est la rumeur … elle se répand, et sur son passage, détruit autant celui qui la colporte, que celui qui la laisse entrer dans son cœur, que celui qui en est l’objet !
Hérode, inquiet et perplexe, ne veut pas s’arrêter aux rumeurs qu’il entend sur Jésus. Il cherche à le voir. Malgré toute son ambiguïté, Hérode nous ouvre une issue intéressante au malaise que génère la rumeur. Il abandonne les « on dit », à la faveur d’une rencontre personnelle avec Jésus, quel que soit son mobile.
Ainsi nous renvoie-t-il malgré lui à la grande tradition de la garde du cœur : ne laissons pas entrer des paroles sur autrui qui nuisent insidieusement, ne les laissons pas sortir de notre cœur non plus. Seule la véritable rencontre de l’autre et de Jésus nous permet de Le connaître en vérité.
Un commentaire
Le commentaire de Soeur Catherine m’inspire cette réflexion Le propre de la rumeur c’est de ne pas avoir de visage, comme satan dans le poème de la genèse. Dans le « On dit » On est sans visage, un anonyme, un sans image et sans nom, où chacun mettra un imaginaire loin de la ressemblance originelle. La rumeur ne permet pas la rencontre mais divise. L’image ainsi crée n’est plus dans le monde mais dans son monde, réduite à une illusion et non pas à une manifestation de la réalité qu’elle est censée représenter.