« Mes biens chers frères, le bien ne fait pas de bruit et le bruit pas de bien. » Paroles authentiques d’un curé de campagne et… signification, au moins partielle, du silence que Jésus impose aux démons. Ceux-ci sont nommés quatre fois dans le texte. Ils parlent si fort qu’ils ôtent la parole autour d’eux et empoisonnent la vie de beaucoup.
L’émerveillement devant ce que le Seigneur accomplit débute par se taire ; en tout cas, il ne prend pas la parole. « Il commence par balbutier. Laissant à Dieu les consonnes, il se contente d’articuler les voyelles : il fait des vocalises ; sur le A, l’alpha, et c’est l’Amen et l’Alléluia ; sur le O, l’oméga […] Ce O et ce A sont [des] bouches bées que Dieu peut remplir, voyelles enfantines […] Aucun excès de mots, alors que tout fait sens et tout fait signe, sans fioriture, véritable pauvreté évangélique.
« Il ne laissait pas les démons parler. » C’est consigne de bonne nouvelle et de vie véritable. Cette injonction de silence nous avertit du mystère de Dieu et se constitue comme son ange gardien, avec un doigt sur la bouche.
Il est pourtant des mots que nous pouvons et devons prononcer, des mots qui ne font pas de bruit, qui se tiennent à distance, des mots qui font silence, des mots qui condensent au lieu de diluer et de dissoudre.[1] Ils ne meublent pas, ils n’encombrent pas. Ils susurrent une présence.
Il nous incombe aussi de ne pas laisser parler les démons, de leur ordonner de se taire ! Car
La paix ne se porte pas dans un murmure
Elle est un cri qu’il faut pousser plus haut que les rumeurs
Plus fort que les cris démoniaques des guerriers. (MMC)
Comme Jésus, nous apprendrons à discerner ce qu’il faut dire et ce qu’il faut taire dans un lieu désert, là où seul le silence et le désir de la source se frôlent, dans un frêle murmure, dans un lieu où prendre les notes auprès de Dieu pour composer ensuite une musique qui fait vibrer le cœur des hommes et … de Dieu.
[1] Cf. F. Cassingéna-trévedy, poétique de la théologie.
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