L’homme atteint de lèpre et déclaré impur par la loi, vient auprès de Jésus, le supplie et tombe à genou devant lui. Il ne lui pose pas de question, mais il s’abaisse. Déjà « abaissé » par la maladie comme une malédiction qui l’exclut de sa communauté, il s’abaisse encore physiquement devant Jésus en s’agenouillant, et encore plus dans sa parole en le suppliant et le désignant comme guérisseur et sauveur. L’homme l’interpelle sur sa volonté et sa capacité à le guérir : « si tu le veux, tu peux me purifier » (v.40).

D’où lui vient cette certitude ? Qui a-t-il approché de si près pour le reconnaître et le désigner comme celui qui peut le relever ?

Jésus le rejoint. Sa compassion est toute divine. Dieu ému aux entrailles est aussi un Dieu qui s’abaisse jusqu’au mal de l’homme pour l’atteindre. Jésus touché, le touche. Il répond parfaitement et en adéquation à l’homme : « Je le veux, sois purifié » (v.41).

À l’instant même, la guérison est effective. Et Jésus le renvoie… Ce renvoi, malgré la fermeté de ton et l’ordre donné de se conformer à la loi, — celle-là même qui le tenait captif et exclu — ne tient plus.

L’homme est libéré de sa maladie mais aussi relevé de la loi ancienne, ce n’est pas un renvoi, mais un envoi. Aussitôt guéri, l’homme devient missionnaire. L’Esprit Saint devance Jésus, l’homme proclame et répand la bonne nouvelle du Royaume : « allez annoncer ce que vous entendez et voyez : […] les lépreux sont purifiés, […] » (Cf. Mt 11,4-5).

Jésus reste à l’écart dans les endroits déserts pour recevoir, encore et toujours plus, son identité de Fils de Dieu dans l’intimité de sa prière, car il est celui qui, dans son abaissement, se fait proche de tout homme et le relève.

« Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ? Lui, il siège là-haut. Mais il abaisse son regard vers le ciel et vers la terre. De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes » (Ps 112, 5-8).