Baptême du Seigneur
En Jésus et comme lui, l’Esprit nous invite à accueillir et faire nôtres les paroles de la voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi, je trouve toute ma joie. » Merveille de la nouvelle qui n’en finit jamais de nous combler de bonheur.
Mais il est une autre « vocation » que le texte dévoile : celle du prophète. Nous sommes aussi convoqués afin d’être, à notre tour, héraut et artisan de divine nouvelle.
A l’évidence, nous éprouvons les mêmes sentiments que le baptiste : « je ne mérite pas de délier, en me baissant, la courroie de ses sandales. » Et pourtant, c’est bien Jean qui baptise Jésus ! Voilà un vertige propre aux prophètes : il y a un gouffre entre ce dont ils s’estiment dignes et capables, et la tâche qui leur incombe finalement. Il n’est qu’à se rappeler Moïse qui disait ne savoir parler, Jérémie qui se pensait encore un enfant et Jonas fuyant, effrayé par la parole à annoncer.
Dieu est ce point de rencontre où l’infiniment grand rejoint l’infiniment petit, et inversement. Et il semblerait qu’il réalise cette jonction au cœur de l’homme même, cette petite créature insignifiante à qui il donne de jouer un rôle signifiant.
Il nous faut demander l’humilité de la servante de Dieu pour chanter en même temps : « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu portes attention à lui ? (Ps 8) – N’est-il pas sain d’avoir un mouvement de recul quand le doigt de Dieu nous désigne pour nous donner une place ? – Et comme et avec le psalmiste, comme Marie qui ne s’embarrasse d’aucune transition, enchaîner, énoncer un « oui », sans aucuns « cependant », ni même de « mais ». Car c’est le Puissant qui rend les infimes que nous sommes pleins de grâce. Et ce sont les enfants, et même les tout-petits, qui chantent la trace éclatante de son passage. De l’infiniment grand à l’infiniment petit[1].
[1] Cf. Psaumes 8 et 82 ; et M. Muller-Colard
Un commentaire
« Voilà un vertige propre aux prophètes : il y a un gouffre entre ce dont ils s’estiment dignes et capables, et la tâche qui leur incombe finalement. »
Merci pour ce moment de lecture de la parole qui vient de germer en moi
Plus qu’une simple définition, l’exemple cité pour représenter ce qu’est un prophète est une merveille, les mots utilisés me parlent tant mon vécu fut celui là lorsque Jesus est venu me chercher, c’était en 2008. Depuis, j’apprends à perdre, à lâcher, à me séparer, à me détacher et c’est un chemin douloureux que j’ai traversé sans jamais oser « assumer la tâche qui m’incombe »… Gratitude pour ce texte
et merci à ses serviteur-e-s
j’allume une bougie pour que se rallume l’étincelle que je n’ai pas bien entretenue et demande pardon pour mon manque de courage.
Puisse ce temps de retraite réchauffer mon cœur
Amen