Recueillir les pépites de lumière
Accueillir le Royaume de Dieu comme un enfant pour y entrer, lui ressembler pour que ce Royaume nous appartienne…
Au temps de Jésus, l’enfant n’était pas considéré de la même manière qu’aujourd’hui, loin s’en faut. Entre l’enfant regardé comme quantité négligeable et l’enfant-roi, quelle distance.Mais laissons résonner l’interpellation pour nous, maintenant. Plutôt, retrouvons l’enfant en nous afin qu’il entende aujourd’hui ce que Jésus peut lui dit.
Un enfant se définit comme fils ou fille de. Il n’est pas sa propre origine ; petit, il ne le sait que trop. Il ne vit que par le don, il espère sans cesse recevoir ce qui le fait vivre, il crie sa faim, sa soif, de nourriture de présence, de tendresse. Il ne peut être que dans la confiance, curieux de tout, simple dans ses questions, en tout, tête chercheuse.
C’est aussi un être tout neuf devant les surprises de la vie. Souvent il sourit à ce qu’il découvre et reçoit. Mais vient vite l’heure des blessures que lui occasionnent les adultes et les circonstances. Quels séismes alors dans sa vie. Sans doute devra-t-il les supporter bien longtemps. Alors, pour combattre les coins d’ombre qui l’assaillent, il a ses armes. Elles jonglent avec le rire, le chant et la lumière, constituent un antidote bien utile quand l’obscur l’envahit et entame sa sérénité. S’il s’en tient à sa nature profonde, elle est souvent grave et mélancolique. […] Certains diront que cet état charbonneux de son être a rapport avec les outrages incessants que l’humain inflige à ses semblables et à la vie terrestre dans sa multiplicité. Le paradis est bel et bien perdu et, pour s’en consoler, l’enfant s’applique à recueillir les pépites de lumière qui le courtisent dès qu’il ouvre les yeux, les oreilles, dès qu’il profère un son, une note. Le défi quotidien consiste à raccourcir l’ombre portée, l’ébrancher, afin d’en venir un jour à se baigner dans le transparent, épouser la source. (Cf. B. Tirtiaux, L’ombre portée, JC Lattès, janvier 2019, pp 113-114), passé du paradis perdu au Royaume de Dieu.
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