PLUS RIEN
Il y a comme un soupçon de découragement dans la question de Pierre à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre » (v.28). Et sans doute dit-il tout haut ce que les autres ressentent avec lui : fatigue, perte de sens, dé-maîtrise de leur vie, crise de l’obéissance… C’est-à-dire jusqu’où cette suivance du Christ les mènera t-elle ? Quel est ce « jusqu’au bout » que Jésus inaugure pour lui, et dans lequel il les (nous) entraîne inexorablement ?
Poser la question, comme le fait Pierre, c’est aussi réaliser pour lui-même, qu’en fait il n’a peut-être pas vraiment « tout » quitté. Il est encore dans ce regard nostalgique d’un passé révolu ou idéalisé (au relent des oignons d’Égypte!) et certainement d’une main-mise sur sa nouvelle mission de disciple. L’inconnu et l’aventure avec Jésus se conjuguent avec la peur de perdre ou la peur de se perdre, parfois.
Alors, cette fatigue du premier disciple, plutôt velléitaire et plein d’entrain habituellement, nous fait « mesurer » ce qui normalement ne se compte pas. L’Amour ne se compte pas, il se donne, il s’écoule totalement, infiniment parce qu’il est aussi confiance et espérance.
Donnant-donnant ? Soit ! Jésus lui (leur) (nous) promet une récompense « nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile […] sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple » (v.29-30). Voilà Pierre ragaillardi sur le chemin. Cet encouragement serait-il l’effet de ménager la chèvre et le chou, de tenir la carotte pour les faire avancer ? Non, car il lui faut aussi entendre au cœur du message la clause : « avec des persécutions »!
Pourrons-nous, rien que pour aujourd’hui, répondre à l’évangile : « je te suivrai, Jésus, montre-moi le chemin ».
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