Pour la troisième fois, Jésus annonce qu’il monte à Jérusalem et qu’il y sera livré, condamné à mort, bafoué, flagellé et tué … Les disciples peuvent bien être effrayés, d’autant que cette fois-ci leur maître les associe à sa marche vers la Passion : voici que nous montons à Jérusalem !
Jésus est le marcheur infatigable qui sillonne villes et villages, annonce la Bonne-Nouvelle du Royaume, chasse les démons et guérit les malades. Qui veut être son disciple doit marcher à sa suite, monter avec lui à Jérusalem, boire à sa coupe et passer par son baptême. Pour le suivre, il s’agit d’entrer dans la condition de serviteur, et Jésus précise qu’il n’y de service que dans le don de sa vie.
Certes, servir est d’une certaine manière prendre le pouvoir, mais c’est le prendre pour le perdre. Jésus, le Serviteur, ne crie pas, il n’élève pas la voix, ne brise pas le roseau froissé, n’éteint pas la mèche qui faiblit … Il ne s’assied pas sur un trône pour siéger dans sa gloire. Son trône n’est autre que la croix.
Notre Dieu est un Dieu dépossédé, crucifié, mis à mort. Son unique pouvoir est celui de la fragilité et de la nudité. Nous n’avons d’autre lieu, pour le contempler, que Jésus dans son humaine fragilité. Et le comble de sa nudité se contemple sur la croix ! Cependant, dans la contemplation du Dieu nu de l’Evangile, n’oublions pas la résurrection … Mais, là encore, le Ressuscité est nu, et blessé.
Ainsi, le Dieu que propose Jésus est le plus fragile et le plus pauvre d’entre-nous tous. Notre Dieu se dépouille de tout pouvoir, de tout honneur, pour se tenir dans le lieu de notre humanité fragile, nue, éphémère. C’est là que le Fils de l’Homme aime s’asseoir, c’est là qu’il nous attend.
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