Tel est pris qui croyait prendre
En chassant les vendeurs du Temple (Mc 11,15-19), Jésus s’aliène les grands prêtres et les scribes. L’évangéliste enchaîne cinq oppositions : sur l’autorité de Jésus (Mc 11,27-33), à partir de la parabole des vignerons homicides (Mc 12 ,1-12), sur l’impôt (Mc 12,13-17), sur la question de la résurrection (Mc 12,18-27) et sur le premier des commandements (Mc 12, 28-34). Cette avalanche de controverses souligne la tension dramatique du récit. Jésus est acculé de tout côté (social, politique et religieux).
Notre passage semble illustrer le dicton : « Tel est pris qui croyait prendre », comme une anticipation de la victoire du Christ. Pris à leur propre piège, les grands prêtres et les scribes se refusent à prendre position. Pourtant, se tenir sur la ligne de touche et refuser le risque d’entrer dans la mêlée, ferme toute révélation possible.
Un commentaire
« PAR QUELLE AUTORITÉ FAIS-TU CELA ? … QUI T’A DONNÉ CETTE AUTORITÉ POUR LE FAIRE ? » … « SI NOUS DISONS : “DU CIEL”, IL VA DIRE : “POURQUOI DONC N’AVEZ-VOUS PAS CRU À SA PAROLE ?” (Mc 11, 27-33). Très souvent, quelque élément de réponse se trouve dans les questions que nous posons aux autres, surtout quand nous voulons les soumettre à l’épreuve. La question posée à JÉSUS sur l’autorité, relève en fait du pouvoir reçu ou non de DIEU. Car, seul celui qui accomplit des œuvres pareilles, a reçu son autorité de DIEU. Et pourtant, aussi longtemps que l’Homme se ferme à la Révélation divine, c’est-à-dire, à l’autorévélation ou communication continuelle de DIEU dans sa vie, il sera toujours difficile d’accéder et de comprendre les mystères divins. Et cette incapacité ou plutôt l’ignorance des Écritures, devient par le fait même, ignorance de DIEU, refus libre et volontaire de communion et d’union avec le divin, et par le fait même, fermeture sur soi et sur le monde. Et qui dit fermeture sur soi et sur DIEU, dit aussi fermeture à la grâce divine et sanctifiante. Et l’Homme sans la grâce divine, est réduit à agir en ne comptant que sur soi-même. Face à l’autorité divine, qui se manifeste au travers des œuvres accomplies par JÉSUS, les scribes et les anciens sont confus ; confus devant celui qui parle avec autorité et les esprits mauvais LUI obéissent, les malades sont guéris par sa Parole, le Temple est purifié des trafiquants et des brigands, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Ceux qui croient, se laissent embraser par cette autorité divine qui transforme toute chose en Amour pour DIEU et pour les Hommes. Or, l’autorité divine n’est pas d’abord commandement ni domination et oppression, mais, bien plus, service et disponibilité, écoute et consolation. Et c’est peut-être en cette originalité qu’elle menace l’autorité telle conçue généralement par les hommes, où il est question de pouvoir, de domination, d’oppression, de volonté de possession et d’exploitation, gouverner par la violence, se faire servir. Or, une telle autorité éloigne au lieu de rapprocher ; elle divise, au lieu d’unir, en semant la peur, la confusion et la violence permanente entre les hommes. Bon week-end de méditation et de repos
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua