« Tu vas aimer ta petite sœur ! »
Bien souvent les parents posent cette injonction à leur enfant dans une fratrie : tu dois aimer. Comme si cela devait arriver de force, s’imposer. Et généralement, l’effet est assez vite opposé : un baiser devant les parents et par derrière la rumination ou la frustration.
Quel est donc cet amour qui est imposé comme un commandement ?
Le verbe « aimer » est au futur, comme une promesse, comme un écho à la Promesse que Dieu a donné à Abraham et livre en chacun de nous. Ce n’est jamais gagné, ce n’est jamais facile, mais c’est devant, en avant, en construction. D’ailleurs, le scribe qui a bien répondu à Jésus n’est pas parvenu à la première place, tel un bon élève ; mais Jésus le situe dans une dimension spatiale : « Tu n’es pas loin… », en somme, tu es sur le chemin, tu avances…
Et pour avancer dans cet amour avec Dieu, avec nos frères et sœurs, il semble qu’il ne faille pas séparer les commandements : « écoute »/ « tu aimeras ». Et entre ces deux verbes, il y a « le Seigneur est un ». C’est Lui qui va être le ciment entre notre écoute et cet amour en devenir. Parce qu’il est Un, parce qu’il sait écouter et aimer au sein des Trois de la Trinité, il peut consolider ce lien écoute/aimer dans notre relation à Dieu, aux autres et à nous même.
Alors, ouvrons nos cœurs pour écouter, le reste se fera en Lui…
Un commentaire
Ce passage de l’évangile me renvoie à cette définition de l’amour que j’ai pu lire dans le livre du dominicain J.P. Brice Olivier : « Oser la chair » :
« Aimer comme Dieu, c’est désirer totalement définitivement la vie pour l’autre, toujours vouloir la vie pour l’autre, la sienne à lui en dehors de moi.
Quoi qu’il fasse ou me fasse, je continue de servir sa vie quand mes sentiments dont je suis peu maître ne pourraient pas changer, si je suis capable de désirer la vie pour celui qui s’est fait mon ennemi, alors je pratique la charité, j’aime comme Dieu…
L’amour […] se reçoit d’un homme, Dieu mis à nu, crucifié…