« Emu aux entrailles » v.41
« L’événement » que nous rapporte Marc en ce jour, a sans doute été surprenant pour les disciples et pour Jésus lui-même qui venait d’affirmer d’autorité : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, pour que là aussi je proclame, car c’est pour cela que je suis sorti ». (1, 38)
Comment ce lépreux vient-il intercepter le Maître dans sa trajectoire, le forçant dans une fulgurante transgression de la loi et l’inaudible cri de sa chair, à conformer Sa volonté à la sienne ? N’est-ce pas le monde à l’envers ?
« Si tu veux, tu peux… » dit l’homme
Ce pouvoir que le lépreux lui reconnaît serait-il une révélation pour le Fils de Dieu ? Répondre à ce qui semble une injonction, va poser la question de la messianité de Jésus, l’obliger à se justifier et l’entraîner dans une possible condamnation par le pouvoir établi.
Et pourtant :
« Étendant la main, il le touche et lui dit : je veux, sois purifié ».
Cet impératif laisse un Espace, une référence à un autre, sans doute le Tout Autre. En Lui peut s’accomplir « l’union de volonté » qui fait de l’intouchable, de l’exclu, de l’avorton qui n’a pas vu le soleil, « un vivant qui voit Dieu ».
Nous risquerons-nous, nous aussi ? Avons-nous vraiment le pouvoir de donner pouvoir à Jésus ? Où donc puiser une telle audace ?
« Emu aux entrailles » ; « Pris de pitié » ; « rempli de pitié » ; « profondément ému » ; « en colère »… dit l’Evangile
Dans ces « balbutiements » nous pressentons quelque chose du coup de la lance infligé à Jésus crucifié, dévoilant de notre Dieu les entrailles de miséricorde, cette part maternelle enfantant l’humanité à sa Vie divine.
Dans le visage de « l’intouchable » récapitulant en lui l’humanité défigurée, Jésus aurait-il par avance reconnu le Sien en sa passion, consentant à « l’abaissement du serviteur » ? Là est notre audace, notre certitude, l’espace de notre cri pour la Vie, la nôtre et celle de l’humanité.
« En envoyant son propre Fils dans la condition de notre chair de péché,
Dieu a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8)
Jésus et le Lépreux ont échangé leur condition (v.45)
Mais il faut « Venir auprès de Lui, le suppliant et tombant à genoux en disant : si tu veux, tu peux me purifier »,
et croire qu’Il nous répond dans « le sacrement du frère ». (ou de la sœur)
« Attention ! Ne dis rien à personne mais va…. » v.43
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