« Des anciens vinrent un jour chez abba Antoine, et abba Joseph était avec eux. Voulant les éprouver, l’ancien leur proposa un mot de l’Ecriture, et commençant par les plus jeunes, il leur demanda ce que voulait dire ce mot. Et chacun parlait de son mieux. Mais l’ancien disait à chacun : « Tu n’as pas encore trouvé. » Finalement, il dit à abba Joseph : « Toi, comment interprètes-tu cette parole ? » Il répondit : « Je ne sais pas. » Alors abba Antoine dit : « Vraiment, c’est abba Joseph qui a trouvé la voie en disant : je ne sais pas. »
Et pourtant, dire une parole met le cœur en quête.
Jour de Sabbat…, jour offert à la mémoire vive de l’effacement de Dieu pour que l’homme risque sa liberté et lui devienne aide assortie, artisan de création comme lui.
Et ce jour-là, aller son chemin, se sentir autorisé à une grappille, un maraude de moineaux, pour supporter la faim ou même une fringale passagère. Et surtout, ne pas s’autoriser à juger celui qui agit autrement et qui dépasse les bornes du convenable à nos yeux, qui parfois transgresse les codes de bienséance. Il est des limites à ne pas franchir et Dieu lui-même les a posées en s’engageant éperdument et en personne en notre humanité. Limites aux paroles proférées qui condamnent et meurtrissent, aux silences lâches qui retranchent dans une forteresse alors que tant meurent à nos portes, limites aux gesticulations qui satisfont notre bonne conscience d’agir pour autrui, aux prières verbeuses qui croient contenter Dieu. Mais démesure de la confiance, de l’espérance et du pardon. Alors nous pourrons vaquer à Dieu, à soi, et aux autres, dans la joie et la paix d’enfants réconciliés.
Un commentaire