« Il a perdu le sens »
Plusieurs scènes frisent l’hystérie dans l’Evangile : des malades qui se jettent sur Jésus pour être guéris (Mc 3,10) ; des possédés qui hurlent à son approche (Mc 3,11) ; une foule qui le serre à l’étouffer (Mc 3,9). Et, ici, une foule si nombreuse « au point qu’ils ne pouvaient pas même manger du pain » (v20).
Qu’il est difficile aux siens (v21 ; c’est-à-dire parfois nous aussi) de comprendre, d’accueillir que Jésus est lui-même le pain, celui qui se donne en nourriture pour la vie du monde (Mc 14,22 ; Jn 6,33.35.48-51) qui fait communion, non pas seulement au sens rituel, mais au sens existentiel. Ne perdons pas le sens.
Un commentaire
JÉSUS REVINT À LA MAISON, OÙ DE NOUVEAU LA FOULE SE RASSEMBLA, SI BIEN QU’IL N’ÉTAIT MÊME PAS POSSIBLE DE MANGER… LES GENS DE CHEZ LUI … VINRENT POUR SE SAISIR DE LUI, CAR ILS AFFIRMAIENT : « IL A PERDU LA TÊTE (Mc 3, 20-21). La raison peut justifier et expliquer ce qui rentre dans les limites de sa compréhension. Or, il arrive parfois que le bien que DIEU accomplit envers l’Homme soit aussi grand, si élevé et si désintéressé, qu’il ne peut être expliqué ou accueilli que moyennant la foi et l’action de grâce. Car, sans cela, nous verrons toujours certaines œuvres divines comme impossible ou simplement des utopies. JÉSUS attire par ses actions, IL redonne espoir par sa parole et ses nombreuses prédications. Avec LUI, ce sont des foules nombreuses qui se rassemblent ; plus de divisions, plus d’injustices. Bien plus, en LUI, tous aspirent au bien suprême. Les portes du Salut sont désormais ouvertes à tous. Or, son action n’est pas toujours comprise par tous : pour certains, IL agit par Belzébul le roi des démons ; pour d’autres, IL a perdu la tête. Contempler DIEU, méditer au quotidien sa Parole, vivre dans son intimité, c’est entrer dans l’univers d’une puissance supérieure qui va au-delà des limites de la raison humaine, mais, qui nous amène à élever l’esprit, grandir dans la foi, entrer dans l’espérance. DIEU prêche, la foule se rassemble, impossible même de manger, car chacun veut s’y approcher, voir, toucher. Mais pour d’autres par contre, il a perdu la tête. Ce qui devrait être un motif de joie et d’action de grâce, devient plutôt objet de moquerie, de peur et d’inquiétude. Peut-être parce que les gens de sa maison n’ont jamais rien vu d’autre en LUI, que le fils du charpentier, le nazaréen, tandis que d’autres y ont vraiment reconnu le Fils de DIEU fait homme, la Lumière d’en Haut, DIEU qui visite son peuple. Aussi longtemps que notre regard ne sait pas voir ni reconnaître le changement ou le progrès des personnes autour de nous, nous ne saurons jamais apprécier le meilleur qu’il y a en eux. Et cette condamnation intérieure que nous nous infligeons à nous-mêmes, nous porte à voir le négatif en tout et partout, avec comme conséquence, la limite au progrès, le manque d’encouragement réciproque et la haine de soi. Le malheur ou encore le plus grand regret de l’Homme serait de ne pas pouvoir profiter des richesses qu’il a autour de soi, et qui, malheureusement profitent aux autres. Le DIEU de la Révélation est le même qui traverse toute l’histoire de l’humanité, et qui encore aujourd’hui, vient habiter nos vies, nos cœurs, pour nous combler de ses grâces. Et celui qui sait apprécier cette présence divine et réellement active, saura aussi apprécier le bien qui se trouve en chaque homme, afin d’encourager et non condamner, éduquer et non détruire, enrichir et non appauvrir. Bon week-end de méditation et de repos
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua