« Tous se jetaient sur lui pour le toucher… »
Voici un risque et un enjeu considérables signalés par l’évangéliste Marc, dès le début du ministère de Jésus.
Un risque : que l’on ose prendre en main et réduire à l’état d’objet le don offert dans la parole et les œuvres de Jésus. Les spécialistes de la Loi (Pharisiens) et les hommes de pouvoir (Hérodiens) « cherchent à s’emparer de sa vie » ; « les gens de sa parenté, à se saisir de lui », à le récupérer ; et les disciples demeurent dans l’incompréhension, englués dans « l’inintelligence du cœur » !
Un enjeu : l’aventure de notre liberté. Devant le don inespéré, dont nous sommes bénéficiaires, une forme d’abstinence s’impose, comme une chasteté de la réception, un « respect » qui interdit tout mouvement de possession.
Car chercher à s’emparer du don, c’est tout perdre : et le fruit et la grâce, et sûrement la liberté offerte…
En se livrant aux foules, et à chacun de nous de façon singulière et unique, Jésus attend plus qu’un sentiment, fût-il de reconnaissance : il espère l’engagement de la foi, une relation vivante, une communion, une intelligence profonde de l’un à l’autre, bref : une alliance dans la vérité de la foi nue.
Nous voici donc appelés à nous laisser toucher par le Mystère, comme par un éclair qui passe. Appelés à garder les mains ouvertes et à nous en retourner, en hâte, vers la vie multiple, ainsi transformés par le don de lumière.
C’est d’effacement qu’il s’agit, si nous voulons vraiment nous accorder au mouvement de donation qui est en Dieu même.
Car il est, Lui, Mystère ouvert, Don inespéré qui s’efface au profit de la réalité qu’Il habite, où Il se cache, en laquelle Il se livre…
Tel est le commencement de cette bienheureuse perte de nous-mêmes qui nous donne d’entrer dans une vie de relation purifiés de toute rapacité.
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