Des clés pour toutes les Paraboles
Dans la Palestine du temps de Jésus, si un champ produisait dix pour un, c’était une bonne récolte. Alors, si ton champ parvient à produire cent pour un, quelle folie !
Première clé : entendre que ce qui est folie à mes yeux est sagesse de Dieu ! Il me faudrait donc quitter une manière de voir le monde, myope et rétrécie, pour entrer dans un autre regard, ouvert à une réalité nouvelle pleine de sens et de promesse. Regarder ce vieux monde, conventionnel et si peu humanisé comme un pays nouveau. Le parcourir, ce monde, à la manière de Jésus, avec le même émerveillement : « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous » ! Regarder plus profond en moi-même pour découvrir des possibles inespérés, inattendus…
Deuxième clé : la parabole demeure énigme ; elle ne s’explique pas ; elle ne dit rien ou peu à qui n’a pas d’oreilles ; elle dit beaucoup et tout, et dévoile le mystère, à qui se dispose à entendre, c’est-à-dire à laisser la parole pénétrer son cœur et le transformer. La parabole s’accomplit et dévoile son sens dans une réponse personnelle, vitale, décisive. En termes traditionnels, cela s’appelle conversion : que s’allège notre cœur épaissi dans la surdité ; que s’attendrisse la dureté de nos oreilles ; que tombe de nos yeux les écailles qui obscurcissent notre regard !
Troisième clé : l’amplitude du geste du semeur et la destinée obscure du grain tombé en terre, lui qui « pousse et de jour et de nuit, on ne sait comment », voilà le sens ultime de la parabole. Pas de discrimination en Jésus : tous les terrains de notre être reçoivent la semence… A charge pour nous d’habiter notre terre d’écoute, de discernement et d’offrande pour que « envoyés, nous portions beaucoup de fruits » et demeurions dans l’espérance.
« La Parole de Dieu, on ne l’emporte pas au bout du monde, dans une mallette…
Une fois que nous avons connu la Parole de Dieu, la recevoir ; une fois que nous l’avons reçue, la laisser s’incarner en nous ; une fois qu’elle s’est incarnée en nous, ne pas la garder pour nous. Nous appartenons dès lors à ceux qui l’attendent.» (Madeleine Delbrêl)
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