Tout commence par une prise de distance par rapport à une terre sainte. « L’autre » rive, « l’autre » côté, le pays des Géraséniens. De plus, Jésus « sort » de l’espace dans lequel il est entouré de disciples, de proches. Aussitôt surgit depuis le lieu des morts, un homme possédé, démoniaque, quelqu’un que rien ni personne ne peut maîtriser. La scène est digne d’un film d’épouvante : fers arrachés, blessures, cris, tombeaux. Est-ce encore un homme, cet être possédé ? La question sourd tout au long du récit, même dans le face à face avec Jésus. Mais qui est l’interlocuteur ? Avec autorité, Jésus opère le discernement et sépare : « Sors de cet homme, esprit impur ! » Mais il faudra encore du temps pour que ce Gérasénien ne soit plus réduit à être appelé possédé. Ce qui entrave son humanité doit d’abord être nommé : confusion, foultitude sans nom propre, qui ne trouvera son lieu que dans un troupeau de porcs et au fond de l’en-bas du mal, dans la mer.
L’événement attire auprès de Jésus. On s’interroge, on craint, on raconte l’histoire. Quelle histoire ? Celle d’un homme libéré ou celle d’un possédé ? Va-t-on inviter Jésus, le fréquenter ? Ces questions demeurent bien actuelles, et les réponses restent ouvertes. Ce qui est certain, c’est que Jésus n’impose pas sa présence. Il remonte dans la barque, sans doute pour « traverser » à nouveau. Et celui qu’il a littéralement dé-chaîné, libéré de ses entraves, ne peut demeurer avec son libérateur. Il est envoyé chez lui, dans sa maison, invité à annoncer la miséricorde du Seigneur. Le voici redevenu un homme, seulement et pleinement un homme, recréé dans et par la relation à Jésus, libre par lui et libre de lui. Demeure la tâche de faire comme lui œuvre de libération.
Un commentaire
LE POSSÉDÉ LE SUPPLIAIT DE POUVOIR ÊTRE AVEC LUI. IL N’Y CONSENTIT PAS, MAIS IL LUI DIT : « RENTRE AUPRÈS DES TIENS, ANNONCE-LEUR TOUT CE QUE LE SEIGNEUR A FAIT POUR TOI DANS SA MISERICORDE (Mc 5, 1-20). La grâce de la guérison qui vient de DIEU est une lumière pour notre vie de foi. Elle nous restitue dans notre dignité, et fait de nous des témoins et des missionnaires. DIEU ne s’offre pas en spectacle, lorsqu’il agit en faveur de l’Homme. IL n’est pas non plus un distributeur automatique dont nous nous en servons juste en cas de besoin. La rencontre avec LUI est l’aboutissement d’un dialogue permanent et d’un parcours de foi et d’espérance, de miséricorde et d’amour, et qui ouvre à la mission. Le possédé désormais assis aux côtés de JÉSUS, habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait ni l’arrêter ni le maîtriser, encore moins l’enchaîner. Les forces du mal avaient pris le dessus sur l’humain, l’excluant du même coup de la communauté. La violence de cet homme possédé le pousse à crier et à se blesser avec les pierres ; preuve qu’il vivait dans le désespoir et ne pensait qu’à se donner la mort, à se faire du mal à lui-même. Lorsque le mal nous domine et que nos forces s’épuisent, tout devient négatif en nous, surtout si nous perdons la foi en DIEU. Or, devant l’agitation de ces esprits mauvais, DIEU agit avec calme et sérénité ; car IL connaît la grandeur de son pouvoir et IL est celui qui affronte le mal qui nous domine. Lorsque nous connaissons nos potentialités, que nous savons en qui nous avons mis notre espoir, lorsque nous savons que le DIEU en qui nous croyons ne déçoit jamais, rien ne peut ébranler notre foi ni même nous éloigner de nos objectifs. Et chaque intervention de DIEU dans notre vie est toujours une occasion de témoigner de cet amour divin au milieu de nos frères. C’est pourquoi JÉSUS invite l’homme gratifié par la miséricorde divine, à devenir missionnaire et témoin de cette grâce, être la preuve que rien n’est impossible à DIEU. Lui qui vivait dans les tombeaux et les lieux de la mort, doit désormais témoigner de la vie et de la dignité restituées. Il s’agit de témoigner de la manière dont DIEU est à l’œuvre dans nos vies. ET même quand IL est rejeté, IL continue de maintenir et de soutenir ceux qui croient en LUI, afin de continuer son œuvre. Bon début de semaine de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua