« Oncle Hérode », un roi au cœur tout en morceaux
Il y a de l’inceste dans l’air : Hérodiade est la nièce du roi, comme elle l’était de son frère Philippe. Entre plaisir et tristesse, crainte et peur, oncle Hérode a le cœur en morceaux. Difficile de colmater les béances et de réconcilier les contradictions qui le déchirent. Et pourtant… Hérode, séduit par ce qui est interdit, « écoute avec plaisir » celui qui le remet clairement face à la vérité de son existence. Jean, qu’il savait homme juste et saint réveillait ou sauvait par sa parole, ce qui, en extrême fragilité, demeurait « juste et saint » en lui.
Si une extrême vigilance ne nous garde pas en éveil, notre cœur partagé nous entraîne à des comportements contradictoires : protéger le prophète qui dit la vérité et pourtant emprisonner celui-ci.
Dans ce récit, ce fragile équilibre se brise entre les mains d’une manipulatrice et fait tomber du côté de la mort. Hérode se laisse séduire par la beauté d’une jeune fille, pantin entre les mains d’une mère qui n’a d’autre force que celle de la perversion. En même temps que son pouvoir, le roi abandonne sa liberté au rythme d’une danse passagère, soucieux aussi de ne pas perdre la face après une promesse faite dans la hâte d’un éblouissement trompeur. Voilà à quoi tient la vie du Baptiste et ce qui pouvait rester de droiture dans le cœur du roi. Alors le mal et la mort se propagent comme un feu dans les chaumes. Ne reste qu’un corps mort déposé dans un tombeau par des disciples.
Mais il (nous) restera toujours de pouvoir oser dépasser les peurs qui nous saisissent devant les profondeurs de nos nuits, pour nous laisser conduire de grand matin et au gré de Sa grâce, au lieu où a été déposé le Gardien de tous nos désirs.
Un commentaire