LA HARPE
Étrange destination que ce « Génésareth » [étymologiquement : une harpe] qui propulse Jésus encore si loin de ses terres. Et c’est comme si l’évangéliste Marc nous signifiait la distance à franchir en décomposant l’approche du territoire païen par étapes : traverser, aborder, accoster, sortir… de la barque.
Quelle mélodie résonne en ce lieu, pour attirer Jésus jusque-là ? Serait-ce la souvenance des âmes malheureuses en terre d’exil chantant : « au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes » (Ps 136, 1-2).
Aussitôt, le pied à terre, Jésus est reconnu. Il nous semblait que Jésus entendait de loin les gémissements et la musique des habitants de Génésareth ; mais la réponse des foules parcourant toute la région pour venir être guéries, est aussi surprenante et énigmatique que son arrivée. Comment l’ont-elles entendu, deviné de si loin… ? Comment la nouvelle de sa venue et de son pouvoir (sans réseaux sociaux !) s’est-elle propagée aussi rapidement ? Comment ces gens sont-ils arrivés jusqu’à lui ? Par quelles ondes et attractions mystérieuses ?
Et Jésus fait plus que les guérir… il les sauve. Toucher la frange de son vêtement comme le musicien effleurerait les cordes de son instrument.
Il règne dans toute cette scène une résonance qui met en connexion Jésus et les malades, une musique silencieuse qui met en mouvement et fait entrer dans cette chorégraphie du salut que rien ne semble pouvoir arrêter.
Un proverbe africain dit que : « L’Esprit ne descendra pas sans un chant… ». Qu’aujourd’hui l’Esprit nous entraîne en son chant et nous rende toujours plus attentifs aux harmonies divines.
Éveille-toi, ma gloire,
Éveillez-vous harpes, cithares,
Que j’éveille l’aurore (Ps 56,8-9).
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