« Donnez-leur vous-mêmes à manger »
Parole combien subversive que spontanément nous occultons tellement elle bouscule notre tranquillité. Jésus lui, est pris aux entrailles devant une foule sans berger, désorientée, affamée. Les disciples qui, eux-mêmes, n’avaient pas mangé, à juste raison s’inquiètent pour ceux qui le suivent depuis trois jours : « Renvoie-les, qu’ils aillent… »
« Combien avez-vous de pains ? Allez voir, dit Jésus, ayant vérifié, ils disent : cinq et deux poissons. ». C’est dérisoire.
Trois jours… cinq pains et deux poissons… assis sur l’herbe verte… douze paniers pleins : une évocation de l’exode où Dieu envoie la « manne » cette nourriture inconnue pour son peule affamé« Vers toi terre promise le peuple de Dieu tend les bras »
Nous baignons dans le langage symbolique d’un peuple en marche vers un monde à venir qui dépasse l’entendement, monde de grâce, de surabondance, de liberté, de louange.
Le « peu » des disciples dans les mains du Christ fait advenir dès maintenant le rêve d’une terre nouvelle, d’un ciel nouveau. Cela ne se fait pas sans le consentement de notre liberté décidée à engager, ce « si peu » indispensable.
« Le Royaume de Dieu » est au milieu de nous. Il est là dans la traversée de « la Mer Rouge, de la tempête sur le lac ». La Croix en est la porte d’entrée, notre consentement le fait advenir. Les drames de la faim, des maladies, des guerres, du terrorisme comme les simples réalités plus ou moins angoissantes de la vie quotidienne, tout le réel peines et joies, convoque un don sans calcul, une entière confiance, une vraie compassion pour l’autre. Cela nous laisse pauvres dans l’instante demande d’une continuelle foi en l’impossible de Dieu, dans un vrai oubli de soi !.
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