Ils ont les mains propres,
mais ils n’ont pas de mains (Ch. Péguy).
Comme il est facile de scruter le comportement des autres, de l’évaluer à l’aune de nos lois morales ou ecclésiales … Comme il est difficile de reconnaître « la poutre » qui obstrue notre œil. Quand Jésus énonce la Loi, il met en lien notre rapport à Dieu – « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » – et notre rapport aux autres – « tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Nos nombreuses traditions, culturelles, familiales, ecclésiales, sont bonnes et justes. Mais elles nous conduisent parfois à l’obsession des mains propres, à des procès de condamnation envers nous-mêmes ou envers les autres, à l’exclusion. Au nom de la pureté, nous risquons de nous éloigner de nos frères humains, de quitter le chemin de l’Evangile, d’oublier notre visage d’hommes et de femmes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.
A quoi m’invite l’Evangile de ce jour ? Bien sûr, à vivre la loi et les traditions qui balisent le chemin des relations … mais surtout à aller beaucoup plus loin encore : serai-je capable de choisir toujours l’amour au risque de perdre l’idée de mon intégrité, l’image de ma pureté ? Serai-je capable de choisir inconditionnellement le regard de Dieu, son mouvement d’approche bienveillante de toute humanité, au risque de me « salir les mains », de me compromettre, comme lui, dans l’épaisseur de la chair et de l’Histoire ?
2 commentaires
CE PEUPLE M’HONORE DES LÈVRES, MAIS SON CŒUR EST LOIN DE MOI… VOUS LAISSEZ DE CÔTÉ LE COMMANDEMENT DE DIEU, POUR VOUS ATTACHER À LA TRADITION DES HOMMES (Mc 7, 1-13). Vivre selon la Loi divine, c’est viser plus haut que nos horizons de pensées et nos pratiques humaines habituelles. C’est conformer ses actions à la droite raison et selon la volonté de DIEU. Vivre selon la loi divine et non simplement selon la tradition des hommes, c’est aussi accepter s’ouvrir à la nouveauté, différente de nous, s’ouvrir à ce qui n’est pas nous, c’est-à-dire à ce qui est autre, différent ; et c’est cela qui fait aussi notre richesse. Et la particularité de l’expérience chrétienne est qu’elle nous porte toujours vers les autres, pour un geste de charité, de miséricorde, de pardon ou de justice. Pour ce faire, nos lèvres doivent parler le même langage que le cœur, refuge du Très Haut. Vivre selon la loi divine, c’est éviter tout formalisme et tout légalisme qui tendent à fermer l’Homme sur lui-même, sans jamais faire l’expérience d’autre chose que soi. C’est donc vivre dans une dynamique permanente de transfiguration et de transformation intérieure. Toute vraie conversion commence par soi-même, par notre capacité à purifier nos désirs, nos mentalités et aussi nos traditions sociales et culturelles de tout ce qui est désuet, afin de permettre à DIEU de s’insérer véritablement dans la trame de l’existence humaine et de l’histoire du monde. C’est le désir de rendre plus concret et fiable le culte intérieur, avant celui extérieur. Cette purification continue et permanente donne encore plus de crédibilités à nos pratiques culturelles et nos traditions sociales, dans la mesure où, plus elles s’inspirent de la loi divine de l’amour désintéressé, de la charité et de l’équité pour tous, plus aussi elles contribuent à la construction des sociétés plus justes et fraternelles, marquées par le même idéal. C’est pourquoi il est important que tous soient enracinés en DIEU, pour que les cœurs soient capables de parler le même langage. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
Dieu, par ses prophètes, promet à son peuple » un cœur de chair »
« Des êtres de chair…tous ensemble, ils seraient moins qu’un souffle », dit un psaume.
Dieu, voudrait-il, que notre cœur devienne « un rien », moins qu’un souffle??