Il ne suffit pas de saupoudrer notre existence de quelques moments de prière, de belles paroles et même de louables intentions, pour être en harmonie avec nous-mêmes et avec Dieu. Ce qui intéresse Dieu à l’évidence, c’est « la beauté cachée du cœur de l’homme » (1 Pier. 3, 4). Sa Loi est autre chose que l’organisation anxieuse des faits et gestes humains, que le tri maniaque entre le pur et l’impur.
Car ce que Jésus veut chasser de notre vie, c’est le porte-à-faux, tout ce qui est conventionnel et superficiel ; il souhaite que nous nous libérions de nos masques. A y regarder de plus près, c’est aussi cela que nous espérons. C’est l’espace du vrai que Lui et nous désirons réhabiliter, car nos costumes de théâtre nous sont finalement souffrance au quotidien. Ils nous paralysent, nous blessent et entament notre être véritable. Notre démarche vers Dieu est elle-même marquée de faux-semblants, et c’est là précisément que Jésus nous interpelle aujourd’hui : « Ce peuple m’honore en paroles, mais son cœur est loin de moi ». Être simplement nous, sans artifice, devant Dieu et devant des frères ; c’est l’œuvre de toute existence.
Jésus prend la vie et le reflux humain comme un vent de face et en fait toujours un lieu de salut où souffle encore l’esprit de la Genèse et des recommencements. Ce prophète non labellisé par la tradition fait loi de la vie. Il ne tente pas de séparer complètement nos ténèbres et nos lumières, mais il les rencontre, les visite sans évoquer un plan de purification et d’éradication du mal.
L’impur semble le déranger moins que nous, hygiénistes obsédés par toute voie de contamination*. Ce que dit Jésus devrait pouvoir nous détourner de notre obsession et nous replonger dans cette enclave du Royaume au-dedans de nous qui nous rappelle que seul l’amour peut faire Loi. Car quand l’amour évangélique nous brûle le cœur, le tri se fait tout seul entre pur et impur et nous n’avons plus besoin d’avoir peur, ni de nous-même ni de l’Autre.
Un commentaire