« Il vient au milieu des frontières » V.31
« A nouveau Il sort des frontières », Jésus. V.31
La rencontre avec la femme « syro-phénicienne » v.26 vient de faire sauter un verrou ! Ressuscité il enverra ses disciples « par tout l’univers, clamer l’annonce à toute la création ». 16,15
Pour l’heure « Il vient au milieu des frontières des Dix-Villes » v .31 (A. Chouraqui), en immersion, comme lors de son baptême. « Soyez des hommes de frontières », dit le Pape François, afin de « guérir » la fracture entre Évangile et culture » (à « la Civilta Cattolica »)
Comme Jésus peut-être, parce que souvent affrontés à la même réalité, nous nous demandons en quels termes Il va s’adresser à ces gens- là ? Comment va-t-il s’y prendre ? Nous nous sentons si souvent démunis…
Voici : « Ils lui amènent un sourd… ». Ils, des inconnus amènent un inconnu, un « étranger », un « infra-humain » anonyme appelé « sourd », et qui « parle difficilement ». Pour entrer en dialogue !?
Jésus, Lui, Il obéit à l’événement, au réel, mains nues : Il « ordonna de ne rien prendre pour la route… »
Mc 6,8 , mais de porter la Paix, à cœur ouvert.
Il pourrait au moins faire « un coup d’éclat », or Il va « au secret », dans une attention « inouïe » à cet être qui, confié à « l’imposition de sa main » v.32, devient Unique. C’est un face à face, un corps à corps.
Quatre gestes et une parole. A première vue rien de plus que ceux des guérisseurs de son temps.
Mais au Sinaï « le Seigneur remit à Moïse les deux tables du Témoignage, tables de pierre écrites du doigt de Dieu » Ex.31, 18. Serait-ce le « commandement de l’Amour » que les doigts du Maître gravent en la pâte humaine ? De sa salive modèlerait-il à nouveau l’Adam devenu muet faute de confiance Lc 1, 20 ? Dans Son « regard levé vers le ciel », serait-ce Lazare qu’Il rappelle à la vie ? N’est-Il pas là, Jésus, « au milieu des frontières » intérieures de l’humain et de l’humanité, pour les faire reculer, en faire sauter les verrous, « guérir les fractures » ?
Dans un « soupir », un « gémissement », comme à Gethsémani, inspiré du Ciel v.34, un cri sort de ses « entrailles de miséricorde » : « Ephata », « ouvre-toi » ! On croit voir rouler la pierre du tombeau.
Le Verbe a traversé l’homme sourd ; d’un « tressaillement » de « Visitation » il devient « porte – Parole » et « engendre un Peuple à la louange ». « Ils disent : Il fait bien tout… » V. 37, « Et Dieu vit que cela était bon » ! Gn.1, 25
Seigneur tiens-toi « au milieu des frontières de nos Décapoles », intérieures, communautaires, planétaires, sauve-nous de nos surdités, de nos fermetures, de nos peurs, de nos replis, de nos mutismes… Rends-nous disponibles et malléables entre tes doigts, insuffle en nous ta Parole de Vie, ton Esprit d’Amour. Ranime en nous cet « Ephata » de notre baptême, qu’à ta suite et dans « la joie de l’Evangile » nous puissions prier et vivre :
« Seigneur ouvre mes lèvres et ma bouche proclamera ta louange » Ps 51,17.
« Tu n’as voulu ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dis « voici je viens »… Ps 39
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