Il les donnait… pour qu’ils les offrent
Dans un deuxième récit de Jésus nourrissant des foules l’évangéliste Marc exprime à nouveau la réalité existentielle de l’événement. En terre païenne, Jésus voit qu’une foule est auprès de lui depuis trois jours et qu’ils n’ont pas de quoi manger.
Il en a compassion : « … ils vont défaillir en chemin et certains sont venus de loin. » Il avise les disciples qui se demandent :
« D’où, ceux-là, quelqu’un pourra-t-il, ici [les] rassasier de pains dans un désert ? »*
Les disciples n’ont que « sept pains et quelques petits poissons ». Jésus rend grâces, il rompt, il bénit et « les donne aux disciples pour qu’ils les offrent à la foule »
Le sens de l’événement demeurera entièrement incompris des acteurs : « Vous ne saisissez pas encore et vous ne comprenez pas?… » (Mc 8, 17-21)
Ne sommes-nous pas nous aussi déconcertés devant chaque nouvelle situation ? Devant ces réfugiés qui, par milliers, affluent à nos côtés. Géographiquement, beaucoup viennent de loin tandis que d’autres, proches habitants sont si éloignés de nos comportements qu’ils nous semblent venir des extrémités de la terre… Ne serions-nous pas de la même pâte ?
«…ils vont défaillir en chemin ». Cette vue bouleverse Jésus au profond de lui-même et cela le conduira à un certain Jeudi soir où, rendant grâces et rompant le pain, il dira « Prenez, ceci est mon corps donné pour vous. »
A quoi le Christ nous appelle-t-il dans les déserts de nos aujourd’hui ? Pressant appel à croire que dans une vie donnée en humbles gestes, Quelqu’un verse en nos mains le (P) pain pour que nous l’offrions à une foule affamée de tendresse et de pain, de justice et de paix.
*Traduction littérale cf J. Delorme (L’heureuse annonce selon Marc _ Tome I p 496)
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J’AI DE LA COMPASSION POUR CETTE FOULE, CAR DEPUIS TROIS JOURS DÉJÀ ILS RESTENT AUPRÈS DE MOI, ET N’ONT RIEN À MANGER (Mc 8, 1-10). La foi et la compassion sont au fondement du miracle. Elles précisent le rapport qui existe entre la fragilité de l’Homme et la puissance de DIEU, mais également sa sensibilité pour les plus défavorisés. La compassion rencontre la souffrance humaine, afin de raviver l’espérance humaine. Ainsi, l’Homme peut retrouver ses forces et continuer sa marche. La compassion est le signe que DIEU n’est pas indifférent à nos prières et à nos manques. Elle nous porte à opérer des choix rationnels, qui vont à l’essentiel. JÉSUS a de la compassion pour une foule qui a fait de LUI sa référence ; une foule qui croit en LUI, qui met toute sa foi en LUI. Et c’est cette rencontre de foi et d’espérance qui suscite le geste charitable de la multiplication de sept pains, pour nourrir une foule nombreuse. Là où il y a l’amour, la foi et la volonté, le peu qu’il y a à disposition suffit pour que tout le monde puisse en bénéficier. La compassion bouscule nos commodités et notre confort habituel. Elle interpelle notre humanisme dans ses plus fortes résistances, là où la charité est plus forte que la rigidité du cœur. Si non, comment demeurer insensible devant une foule affamée depuis trois jours ? Comment tenir des personnes à jeun, alors que nous avons de quoi leur offrir ? Pourquoi se conforter dans l’indifférence, quand des innocents et des pauvres meurent, sous nos yeux, alors que nous pouvions leur apporter notre assistance, sans que cela ne change en rien notre identité ou notre statut social ? L’humanité commence véritablement quand l’Homme s’ouvre à la réalité autour de soi, en se souciant de ceux qui sont dans la précarité et dont l’avenir est incertain. Et dans une communauté où la compassion est le propre de tous, la foi et la charité portent à une prise en charge réciproque. Bon week-end de méditation et de repos
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
Seigneur ,moi aussi ,j’ai bien peu a t’offrir ,mais ce que j’ai ,je te le donne pour que tu le multiplie .Je t’aime Seigneur
En écho un poème de Christophe Lebreton:
Comprendre
la faim de l’autre
et croire que toi
Jésus ressuscité
à partir de de que je t’apporte
si disproportionné cela soit-il avec l’attente
de celui-là
qui au fond à faim d’amour
parole de guérison
toi tu vas répondre
et je serai serviteur du Don
simplement
amoureusement
Encore faut-il apporter notre peu…